Crise mondiale : la France en pole position pour sortir du quadrilatère des Bermudes

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Urgent et astucieux : la France doit profiter de ce retour de l’inquiétude pour envoyer des messages de sérieux budgétaire et de réforme. Ce choix politique marquera notre différence et sera applaudi par tous. Les marchés mondiaux sont en effet devenus très nerveux. Les bourses baissent, les taux longs montent. De fait, aucun des acteurs mondiaux n'est vraiment sorti de crise... puisqu’elle est globale. Ils forment un quadrilatère (des Bermudes) qui peut inquiéter. C’est le moment d’en profiter !

bermudes

Chine : on dit qu’elle ralentit – allez savoir ! Un peu si l’on en croit les chiffres des autorités, pas vraiment selon d’autres experts qui mettent en avant la baisse du nombre de jours de travail, mais il y a de quoi s’inquiéter selon le FMI. L’organisation mondiale pointe la montée des crédits aux régions et aux municipalités. On en comprend les raisons économiques mais surtout politiques : les autorités chinoises craignent tout ralentissement, même modeste. Donc ces chiffres inquiètent tout le monde – les marchés financiers en premier. Ils se demandent ce qu’il cache et si l’économie chinoise peut ralentir seulement « un peu ».

États-Unis : on dit que la croissance reprend et que la FED se prépare à moins soutenir l’économie –  allez savoir ! Ben Bernanke esquisse un scénario où les taux monteraient un peu, avec l’idée que la Fed achèterait un peu moins de papier d’Etat. Mais au moment même de son audition, la bourse baisse et les taux longs montent. Il y a beaucoup de nervosité dans l’air.

Japon : leur politique monétaire est kamikaze – allez savoir ! Pour être élu, le Premier ministre Abe a promis de décocher trois flèches. La première pour acheter massivement des bons du trésor par sa banque centrale – c’est fait et c’est facile. La deuxième pour réduire son déficit budgétaire : on attend. La troisième pour faire des réformes : rien ne vient. Et c’est là le problème, car la reprise obtenue par la baisse du Yen et une remontée des taux longs cachée par une remontée de l’inflation inquiète. D’autant que la Banque du Japon s’annonce prête à acheter encore des bons du trésor ! À continuer ainsi, on risque de déclencher une vraie guerre des changes, puis de déstabiliser davantage les anticipations inflationnistes au Japon, puis dans le monde.

Zone euro : elle est toujours en récession, touche peut-être le fond, mais sans remonter – allez savoir ! Les taux courts sont au plus bas, encore un peu ils seront à zéro – et rien ne repart. La monnaie que crée la Banque Centrale Européenne va y dormir chaque soir. Les banques ne veulent prendre aucun risque, à tel point que la BCE parle de taux négatifs pour les forcer à prêter aux entreprises, notamment Petites et Moyennes. Mais les banques ne le font toujours pas. Et si la BCE instaure ces taux négatifs, est-ce que ce ne sera pas très mal interprété ?

 

France : elle est en récession et risque de déstabiliser la zone euro si elle s’enfonce davantage – allez savoir… sauf si elle en profite pour se secouer ! La France est trop grosse pour baisser plus sans risques pour tous. Des réformes plus importantes sur le marché du travail, des engagements plus fermes sur la stabilisation fiscale, la baisse des normes et la modernisation publique, avec à la clef une  baisse à venir des impôts : voilà ce qui est obligatoire. Et ce qui est nouveau, c’est que c’est de mieux en mieux compris et accepté en France. Profitons-en. Tout le monde sait en France que la sortie de crise passe par les entreprises et l’admet. Les entreprises ont compris qu’elles doivent négocier avec leurs salariés, en parlant marges et flexibilité. Les syndicats avancent dans cette direction. Au Président Hollande d’agir.

Profit, flexibilité, dialogue social, sérieux budgétaire et modernisation publique : l’occasion est unique pour prendre cette route. A nous d’y aller… Le monde sera surpris – et nous remerciera.