Le chemin de croix de Jerome Powell

- Ecrit par

Pauvre Jerome Powell ! Il vient d’être choisi par Donald Trump pour succéder à Janet Yellen et présider la Fed, plus précisément son Comité de Politique monétaire. Il va donc avoir un rôle décisif. Décisif non seulement sur les taux d’intérêt américains dans les mois qui viennent, au-delà de la hausse de décembre décidée par Janet Yellen qui sera encore Présidente, mais aussi et surtout sur les hausses suivantes. Il devra piloter alors par ses discours, dans les années qui viennent, les marchés financiers américains, donc en large part les marchés mondiaux.

 

Quel honneur ! Quelle responsabilité ! Quelle difficulté !

Certes, le choix de Donald Trump (ou de Steven Mnuchin, son ministre des finances) peut marquer une certaine continuité par rapport à l’institution, puisque Jerome Powell en est membre. Mais c’est aussi une discontinuité, puisque tous les prédécesseurs de Janet Yellen avaient été renommés pour un second mandat : Volcker, Greenspan et bien sûr Bernanke, un Républicain reconduit par Barack Obama.

On attend donc de Jerome (Jay) Powell autre chose. Certes, il est Républicain, avocat et ancien banquier. Au-delà de considérations politiques, et de compétences pratiques, il a plutôt été choisi pour être favorable à de nouveaux assouplissements du système bancaire et financier, compatible aussi avec la politique fiscale de Donald Trump, et sans doute avec sa politique extérieure.

La politique fiscale de Donald Trump, plus celle en matière d’échanges internationaux, sont en effet bien « étranges ». En matière fiscale, on baisse les impôts pour faire repartir l’économie, mais pas quand elle est en plein emploi ! Le risque d’inflation salariale est donc élevé, d’autant que les politiques protectionnistes de Donald Trump vont accentuer la pénurie de main-d’œuvre, notamment qualifiée.

La volonté de Donald Trump est de renforcer la croissance américaine en facilitant l’octroi de crédits par les banques régionales et la prise de risque par les banques d’investissement (en assouplissant notamment la règle Volker qui encadre l’utilisation de leurs fonds propres), plus le rapatriement d’activités et de trésoreries aux Etats-Unis. Donald Trump veut ainsi que la Fed l’aide à avancer vers 3 ou 3,5% de croissance, voire 4%, escortant les baisses d’impôts pour les ménages et les entreprises qu’il prévoit, quitte à prendre plus de risques bancaires et financiers et à réveiller l’inflation… avec des taux très bas ! Pauvre Jerome Powell !