Caramba ! 2% = 2,8% = 4,9% = 5,2% = 6,8 % : les égalités d’inflations des Banques centrales

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 Caramba ! 2% = 2,8% = 4,9% = 5,2% = 6,8 % : les égalités d’inflations des Banques centrales

2% : « Caramba, encore raté ! ». Est-ce le caporal Diaz, dans l’Oreille cassée de Tintin qui parle, ou le Président Powell de la Banque centrale américaine (Fed), ou la Présidente Lagarde de la Banque centrale européenne (BCE) ? 2% : c’est en tout cas la cible d’inflation bien connue que l’une et l’autre cherchent à atteindre, et ratent tous deux. C’est leur mission affichée, même si ce 2% se calcule désormais en moyenne et sur plusieurs années, sans savoir combien d’ailleurs, avec l’idée que l’on peut avoir plus que 2% sur plusieurs années si, pendant plusieurs années avant, on en a eu moins : magie de la moyenne ! Mais quand même, Fed et BCE parviennent de moins en moins à atteindre cette cible, même redessinée, pour ne pas dire : assouplie. 2,8%, c’est actuellement en effet le taux d’inflation français, 4,9% celui de la zone euro, 5,2% celui de l’Allemagne et 6,8% celui des États-Unis. Raté donc et partout ! Alors : on explique, on corrige le tir ou on continue ?

Caramba ! On explique : on a raté parce que cette inflation au-dessus de 2% est « temporaire ». La raison majeure est qu’il s’agit d’une sorte de « compensation », après les crises financières des crédits subprimes américains de 2007 et des dettes publiques des pays d’Europe du sud de 2011 qui ont, toutes, fait craindre le pire. Le pire à éviter, ce n’est pas la récession, qui était déjà là, mais la déflation, la baisse des prix, cette spirale infernale qui fait monter le prix réel des dettes au moment même où l’activité plonge. Plus l’activité baisse, plus on doit ! Il n’y a alors qu’une solution pour éviter le drame : non seulement ouvrir les vannes de la dépense publique, mais plus encore mener une politique monétaire de soutien hors norme. Baisser les taux à court terme à zéro est facile mais insuffisant, d’où l’idée que les banques centrales achètent des bons du trésor. C’est le quantitative easing. Le déficit budgétaire se finance alors moins cher même s’il augmente, les taux bancaires baissent, les entreprises et les ménages investissent. Surtout, ne pas épargner ! Les prix des maisons et des actions montent : on lutte d’abord contre la désinflation du coût de la vie par l’inflation du prix des actifs. Mais, si on a évité le pire, voilà le vase du coût de la vie qui déborde ! Mais c’est « temporaire » : l’activité va repartir et tout aplanir… normalement.

Caramba ! On a encore raté parce que le COVID-19 est arrivé : il a déplacé l’inflation vers le bas au début, puis vers le haut. Vers le bas, le virus a immédiatement fait plonger la demande de services : loisirs, restaurants, cinémas, puis de biens de consommation : moins de vêtements et de chaussures, avec en plus, pour l’alimentaire, une préférence à la proximité. Conséquences : encore moins d’activité et d’inflation, avec une montée de l’épargne, les pouvoirs publics ayant « en même temps » développé des aides aux salariés et aux secteurs exposés, les entreprises développant le télétravail, pour maintenir autant que possible l’activité et les salaires. Puis le virus agit vers le haut : c’est maintenant. Cette surépargne s’écoule, mais elle fait face à des goulets d’étranglement dans les chaînes mondiales de production perturbées, tandis qu’ici les « salariés d’« avant-Covid » ne sont pas tous revenus au travail et que les autres demandent des augmentations de salaires, d’où des hausses cumulatives de prix. C’est « temporaire » nous dit-on encore. L’activité va repartir, mais ce sera plus long et plus cher que prévu.

Caramba ! Plus possible de rater encore : cette fois, Fed, BCE vont devoir réduire leurs soutiens à l’activité. L’inflation finira bien par se calmer ! Les banques centrales voient les prix qui montent et écoutent critiques et inquiétudes. C’est dit : la Fed va bientôt acheter moins de bons du trésor, puis monter ses taux. On attend les précisions.La BCE envisage de suivre, mais plus tard et moins que la Fed. De fait, la Fed n’a pas le choix : un taux de chômage à 4,2%, une croissance à 4,9%. Elle a eu peur de perdre la main, de ne plus être crue quand elle disait que cette inflation était transitoire. D’ailleurs elle ne le dit plus ! La BCE joue les prolongations. Elle laisse les États-Unis augmenter les salaires pour bénéficier de plus de compétitivité et d’un euro faible, puisque les marchés se diront que le dollar sera plus rémunéré que l’euro.

Caramba ! Que la Fed rate plus que la BCE !