Cet email écrit par le baron David Frost, qui dirige la négociation du Brexit côté britannique, envoyé au Premier ministre Boris Johnson nous est parvenu, suite à un bug…
Monsieur le Premier ministre et Cher Boris,
Le nœud autour du cou de la Commission européenne se reserre :
1 – Nous n’avons pas respecté la date butoir d’accord sur la pêche (fin juillet) et rien ne s’est passé : comme prévu. L’Europe donne des dates limites, menace des pires conséquences et … rien, si on ne se laisse pas impressionner ! Nous gardons le poisson : ils devront nous l’acheter ! C’est ainsi qu’il faut continuer : avancer nos projets, ne pas se laisser intimider par leurs rappels à l’ordre ou aux « règles du droit international ». Et ce COVID-19 nous aide !
2 – Comme prévu aussi : les rumeurs selon lesquelles Barnier serait débarqué de sa position de chef négociateur de l’Union ont été diffusées par notre presse, avec l’idée que je serai rétrogradé moi aussi. Je pense que ceci a affaibli le Français. Certes il a été soutenu par le Secrétaire d’État (français) chargé des Affaires européennes : bel appui ! Mais le message est passé : il ne pourra pas porter le jugement final, « oui ou non ». Ce seront les chefs d’État et de gouvernement qui devront juger, à l’unanimité. Or ils ne sont ni tous d’accord, ni assez courageux !
3 – Comme prévu, je fais monter les enchères : nous ne céderons pas, nous sommes prêts à partir sans accord. « Nous sommes arrivés après un gouvernement et une équipe de négociation qui avaient faibli. L’UE avait appris à ne pas prendre notre parole au sérieux », ai-je dit ! Ils ont compris aussi ton message, même s’ils parlent de bluff.
4 – Nous lançons le détricotage de l’accord, notamment sur cette frontière entre les deux Irlandes. Une frontière « non visible » : nous avons tant martelé qu’une frontière en dur rallumerait la guerre entre les deux que les Européens nous ont crus ! Maintenant ils découvrent que c’est insoluble. Donc nous gardons une entrée « abstraite », sans douanier pour vérifier les normes dans leur sacrosaint « Grand Marché ». Ils surveillent Dunkerque : on passera par Dublin, Dundalk ou Drogheda ! Il faudra calmer les Irlandais : ils sont en récession. Donc nous inonderons le Grand Marché de produits chinois, vietnamiens ou éthiopiens.
5 – Pour bien montrer que « l’accord de retrait » ne nous va pas, nous avons « découvert », certes après l’avoir signé, que nous ne pourrions pas faire de subventions aux entreprises en Irlande du Nord sans devoir en avertir Bruxelles, ou pouvoir alléger les règles d’importations. Post Brexit nous serions alors encore dépendants ! « Je fais confiance au gouvernement britannique pour mettre en œuvre l’accord de retrait, une obligation en vertu du droit international et une condition préalable à tout futur partenariat », nous dit la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Elle a raison de faire confiance à notre volonté de soutenir nos concitoyens, surtout ceux d’Irlande du Nord qui pourraient être pénalisés. A eux de devenir une plateforme d’import-export ! C’est clair : nous voulons redevenir un État indépendant, aux Européens de sortir des sentiers battus : c’est là le plus compliqué. Il faut que chacun sauve la face et comme ils nous ont posé un ultimatum : retirer le texte sous quinze jours, ils seront, en fait, coincés.
6 – Et nous venons de signer avec le Japon : tout petit pour eux, tout bon pour nous !
7 – Nous devons continuer à jouer finement en finance. Nous laissons un peu baisser la livre sterling par rapport à l’euro : bon pour l’export, mais nous veillons à ne pas trop la baisser par rapport au dollar : ne pas énerver les US. Et même si notre déficit budgétaire monte, comme partout, pas fous, nous annonçons des impôts, ce qui nous permet d’être financés pour pas cher du tout. Nous empruntons à -0,18% à 10 ans contre -0,19% pour les Français, alors que nous avons 1% d’inflation et eux 0,2% : nous empruntons à -0,8% en termes réels, eux à 0% ! Pas mal pour un pays qui fait un « coup de force », comme dit la presse frenchie, sous prétexte que tous ces « petits points », comme je dis, devraient être bouclés le 15 octobre. Autrement : No deal, leur faute. Et les durs d’ici qui craignent qu’on mollisse, nous aident !
I want to break free chantait Freddy Mercury des Queen. Il ajoutait : I want to break free from your lies! Pas your lies, Prime Minister, bien sûr, ceux de Bruxelles!
David