Bonne année 202… (complétez)

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 Bonne année 202… (complétez)

La période actuelle est celle des vœux, les meilleurs bien sûr, avec un pluriel qui nous arrange bien, puisqu’il n’engage à rien de précis. Le vœu au singulier est en effet devenu rare, car d’origine religieuse : faire un vœu, c’est promettre à un Dieu, ou aux Dieux, des comportements vertueux, en souhaitant sans doute sa, ou leur, mansuétude en cas d’irrespect des engagements pris.

Aujourd’hui, le vœu au singulier est privé, laïc, personnel et souvent secret : il faut cesser de fumer, faire du sport ou se mettre au régime. Notre pardon est alors assuré, puisque nul ne saura nos manquements. Rien de surprenant donc si c’est le pluriel qui l’emporte dans les médias. On dit « meilleurs vœux » comme on dit bonjour, sans songer à bon-jour. Mais tel n’est pas ici notre cas, puisque nos vœux sont certes pluriels, mais surtout pluriannuels, et les meilleurs, ce qui est encore moins simple à formuler, et à respecter. Les voici, cependant.

2023 : Bonne sobriété : elle vient de s’installer en France, par craintes de coupures d’électricité. Le message semble passé : « si vous coupez sobrement l’électricité chez vous, elle ne sera pas coupée chez tous ! ». Ce qui se passe avec les watts est donc plus efficace qu’avec le carburant qu’on ne peut couper à la pompe : prévenir est mieux que compenser une absence qui ne peut l’être. L’idée d’une « sobriété positive » pourra se répandre : acheter moins de fruits et légumes hors saison, mais davantage de vêtements l’été pour l’hiver. Ces deux hors saison sont moins chers. Il faudra donc télétravailler régulièrement, s’économiser pour économiser. Tout cela fera baisser la demande interne, donc l’inflation et les revendications salariales, ce qui sera bon pour l’exportation, en théorie. Bref, peut-on se souhaiter une année 2023 sobre ? Si tel est le cas, le parti macronien évitera des coupures d’électricité (et de sondage) et s’ouvrira des pistes vers les Verts, s’ils passent au concret.

2024 : Bonnes élections européennes : elles auront lieu en mai, pour choisir 79 députés sur 705. Toute la question sera de savoir si la Nupes, cette liste commune des partis de gauche en France de 2022, pourra se reproduire en Europe. Elle en rêve, ou Jean-Luc Mélenchon plutôt. Car, au vu de ce qui se passe actuellement, peut-être pour contrer cette perspective chez certains Nupessiens tièdes qui pensent à… 2027, une réponse se prépare : négative. En plus les élections américaines, le 5 novembre, polariseront les esprits entre Biden 84 ans contre Trump 78, dans un remake de 2020 qui semble peu vraisemblable. On parlera donc beaucoup des âges des candidats américains en pensant à un remake français modifié, Macron n’étant plus là, pour 2027.

2025 : Bonnes préparations pour la suite, puisque rien n’est prévu dans les calendriers politiques français. Contre l’ennui qui menace, il y aura donc plus de grèves et de manifestations. Peut-être que ce temps qui paraît libre sera davantage utilisé à réfléchir sur de bons plans économiques, sociaux et surtout écologiques ? On n’ose l’espérer : même les vœux ont leurs limites.

2026 : Bonnes élections municipales : ne pas oublier que tout se prépare avec les maires, devenus le seul ancrage politique durable. C’est là que l’on verra si le macronisme, bouturé, pourra localement résister au départ de son créateur et repartir, un peu transformé.

2027 : Bonne élection présidentielle française en avril et bonnes élections législatives en juin. Tout se jouera au plus tard à partir de janvier, avec les équipes en place pour la présidentielle. C’est la joute qui décide de tout. Marine Le Pen s’y prépare depuis décembre 2021, ayant laissé les clefs de son parti à son poulain, sans cesser de le surveiller (ah, ces jeunes !). Elle aura alors 59 ans, contre 76 pour Jean-Luc Mélenchon, qui est plus à la peine pour organiser sa succession. Chacun joue sa dernière carte, surtout lui.

En fait, la question majeure va concerner l’après-Macron. Quel homme, ou mieux : quelle femme, va-t-il adouber ? Ce sera le souci de nos « experts », pour lui et d’autres : comment se prolonger en ayant animé et inspiré un parti où l’on n’est plus ? Quels noms vont naître, crédibles mais sans excès, lumineux mais sans faire trop d’ombre ?

Zut, j’ai oublié :Bonnes fins pour la guerre d’Ukraine, le Covid 19, les hausses de l’inflation et de l’intérêt, le chômage, les autres tensions partout. Ce seront ainsi mes derniers vœux, puisqu’il n’y aurait plus rien à craindre après !