Barak Obama reprend le rôle de James Dean dans « la fureur de vivre »

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Le film de Nicola Ray, La fureur de vivre (Rebel Without a Cause, 1955) se rejoue actuellement sur les hauteurs de Washington. Barak Obama reprend le rôle de James Dean, ce jeune gamin perdu qui veut s’intégrer dans une ville où il vient d’arriver avec ses parents. Dans la version actuelle, Barak Obama veut aider ses concitoyens en les soignant mieux. C’est l’Obamacare.

Fureurdevivre

La scène se passe devant une falaise. Pour être accepté, il faut être plus courageux que l’autre, le chef du groupe, dans une course de voitures où il s’agit de rester le plus longtemps possible au volant, avant de sauter. Jeu terrible de la poule mouillée (chicken game). Encore quelques jours et on saura qui a lâché dans cette incroyable course à l’abîme que mènent Républicains et Démocrates pour la signature du Budget. Déjà 800 000 fonctionnaires ne travaillent plus et ne sont plus payés. On imagine leur situation. D’un côté, le Président demande au Congrès de signer le Budget. Il s’étonne que la bourse américaine tienne le coup, devant un tel blocage. Les Républicains, notamment ceux du Tea Party, n’en démordent pas. Ils veulent que les dépenses prévues pour l’Obamacare (le système de soins proposé par le Président), ne soient pas votées. Pour eux, c’est une attaque à l’autonomie de la personne, à sa liberté fondamentale, perpétrée par le Big Governement de Washington. C’est, à la fois, attaquer les valeurs fondamentales des Etats-Unis et leur idéal de liberté. Pour ces Républicains, Obama est un Européen. C’est dire. En face, les Démocrates répètent que nombre d’Américains ne sont pas protégés et que ceci les conduit à des situations difficiles, risquées, et parfois misérables. Il faut donc les assurer, cette assurance étant payée en partie par eux, en partie par leurs entreprises, notamment les PME américaines (pour les grandes entreprises, le système de protection santé existe).

Et la scène de la course de voitures va continuer, au-delà de la signature, ou non, du Budget. Encore quinze jours et on verra que, derrière le blocage actuel du Congrès, il y a le plafond de la dette publique américaine. C’est plus grave encore. Car il s’agit du risque de défaut des Etats-Unis sur la dette d’Etat. La plus importante économie du monde en défaut, on a beau dire que c’est impossible, fou, illégal… voilà où nous en sommes ! Bien sûr, les experts nous expliquent que la Banque centrale américaine peut refinancer l’économie en escomptant les bons du Trésor… même s’ils ne sont plus remboursés. Les circonstances sont exceptionnelles, va-t-elle dire. C’est vrai, mais quand même. C’est là un risque de rupture dans la chaîne mondiale de la confiance car les bons du trésor américain sont supposés être l’actif le plus sûr au monde.

Ce jeu politico-financier américain est dramatique dans cette phase de sortie mondiale de la crise. Dans le film, il y a un mort. Le chef du groupe, face à James Dean, ne peut sortir à temps. Il coince sa manche dans la poignée de la porte. James Dean ne comprend pas sa folle obstination, il saute au dernier moment. Il est peut-être la poule mouillée du jeu, mais l’autre est la victime du destin. Tout le monde a perdu.

Barak Obama parle de farce. Il choisit de ne pas traiter la compétition sur le mode tragique de la bataille des valeurs (cause contre cause), des égos, des obstinations politiques. Il a raison. Mais le temps se réduit terriblement. Va-t-il devoir changer de registre et dramatiser ? Alors les marchés financiers vont comprendre et réagir. Souhaitons que chacun freine ou saute de la voiture assez tôt et que personne ne coince sa manche dans la porte. Il en va de l’économie mondiale.