Description du poste : Président de la Banque centrale européenne, à partir du 31 octobre 2019. Rémunération : 410 000 euros net, (bien) logé, avec personnel de maison et chauffeur, frais de transport pris en charge. Contrat de huit ans non renouvelable, avec disponibilité totale, nuit et jour.
Compétences : bonnes connaissances d’économie bancaire, monétaire et internationale. Bonnes connaissances d’histoire politique et économique de l’Europe et de ses principaux membres. Anglais courant, autres compétences linguistiques appréciées. Grande sensibilité politique et surtout psychologique indispensable.
Nationalité : membre d’un pays de la zone euro, mais pas Italien (à cause de Mario Draghi), pas Espagnol (à cause de De Guindos, numéro deux de la BCE), pas Allemand (Jens Weidmann, ce patron de la Buba qui rêve du poste est trop brutal, et Angela Merkel préfère avoir un Allemand à la Présidence de l’Assemblée européenne), pas Irlandais (car le poste de l’économiste Peter Praet sera sans doute donné au Finlandais Liikanen), pas Grec (bien sûr).
Mœurs et comportement : pendant tout son mandat, le(a) Président(e) doit être irréprochable. Tout sexual harassment est proscrit, tout vocabulaire raciste et ordurier aussi. Le(a) Président(e) ne peut recevoir de « cadeaux », ni demander de conseil. Son agenda est public. Il ne peut recevoir de lobbyistes non accrédités.
Trait de caractère : Le(a) Président(e) doit avoir une grande force de caractère, avec un vrai contrôle de soi. Il s’agit là d’un poste très exposé aux critiques, dénigrements et, de plus en plus, aux fake news et intox de toute nature. Il faut un épiderme assez épais, pour ne jamais répondre trop directement aux critiques, moins encore aux provocations.
Avantages de la situation : exceptionnelle visibilité et indépendance. Une fois choisi(e) et validé(e) par les chefs d’état et de gouvernement, le(a) Président(e) est la personne la plus indépendante du monde (sauf faute grave bien sûr). Jamais les politiciens de la zone euro ne sont d’accord sur tout, c’est donc au responsable de la BCE de les unir ! Rien à voir avec le patron de la Fed, la Banque centrale américaine : Jerome Powell est toujours exposé aux insultes de Donald Trump. Et la rémunération dépasse celle du Président de la république française et de la Chancelière allemande. Elle est le double de celle de Powell ! C’est donc bien payé, mieux que les politiques. Certes moins que les banquiers et les responsables financiers des grandes entités mondiales, bien sûr, mais ensuite le(a) Président(e) peut mener des activités lucratives, après une coupure d’un an (à préciser).
Inconvénient : le lieu de résidence est Francfort.
Préparations : regarder les dernières conférences de presse de Jerome Powell, comme modèle à éviter. Et celles de Mario Draghi pour apprendre comment répondre, sans trop rien dire, ni céder à la provocation. Par exemple, lors de la dernière conférence de presse de la BCE le 24 janvier, un journaliste (travaillant pour la presse allemande) cite un critique contre la politique de Mario Draghi qui disait que sa politique de financement de la zone euro à taux bas aidait, en fait, les banques espagnoles et italiennes. Mario Draghi répond qu’il s’agit d’un « outil de politique monétaire », donc global, pas d’une aide à telles banques ou à tel ou tel pays. S’il n’avait pas été aussi malin, il aurait pu dire que les banques allemandes allaient surtout en profiter, et non des moindres (Deutsche Bank, Commerzbank, Landesbanken) ! Ne jamais trop céder à la facilité, ni à l’humour.
Conseil : le plus sûr est de répéter l’objectif — « une inflation près de 2% à moyen terme ». Il paraît limité, mais permet plein de choses, si on sait s’y prendre. Ainsi, quand l’inflation ne monte pas vers 2%, 1,4% aujourd’hui et 1,8% prévu dans cinq ans par les experts, on est libre pendant longtemps ! Et si on vous dit que l’inflation est à 1,7% en Allemagne, répondez que vous vous intéressez à l’inflation de la zone, qui doit monter partout, et régulièrement, et durablement, vers 2%. Et là, vous avez plus de temps encore !
Le risque : l’ennui. Ce sera le problème pour vous, les marchés et les commentateurs. Vous devrez, pendant des mois, des années, ne pas monter les taux, mais faire comme si c’était, à chaque fois, différent ! Tout sera dans le ton. Variez : un zeste de comédie, pour éviter la tragédie de l’éclatement. Que du suspense pour ne rien faire, d’où le salaire !