Allo Docteur, j'ai peur

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 Allo Docteur, j'ai peur

Le Patient : Allo Docteur, j’ai peur. J’écoute la radio, regarde la télévision, lis les statistiques sur les cas de COVID-19 avec tous ces morts et j’ai peur. Les virologues contredisent les épidémiologistes, les frontières ferment, puis ouvrent et Trump avance masqué ! Qu’est-ce que je fais ?
Le Docteur : Oui, ce virus est coriace et surtout malin. Il profite des avions et des bars, de tous les lieux où nous ne suivons pas les règles de distance, de masque et de lavage de mains et plus encore de tous ceux où nous ne vérifions rien.

L P : Mais comment le sait-il ?
L Dr : Bien sûr qu’il ne le sait pas ! Il avance partout et meurt là où il est bloqué, lavé, distancié… mais il se reproduit ailleurs, grâce à nous qui le portons. Donc, faites attention à vous et écoutez plutôt de la musique que des nouvelles !

L P : Alors ni plage, ni avion : mots croisés ?
L Dr : Sans aller jusque-là, beaucoup dépend de vous : vous pouvez sortir, mais en faisant attention. Le problème, c’est le virus même quand on ne l’a pas !

L P : Quoi ?
L Dr : Le stress : nous sommes devenus plus inquiets, plus nerveux, plus irascibles et pourtant pas infectés. Il y a en France 187 000 cas, 30 000 morts et 82 000 guéris, donc 75 000 cas actifs, mais 66 millions d’encore plus révoltés qu’avant, sur tout et surtout contre Macron.

L P : Mais il n’y est pour rien !
L Dr : Pour pas grand-chose, mais c’est plus pratique. Vous ne voulez quand même pas qu’on dise qu’on a 14% de cas en plus que l’Allemagne pour un millions d’habitants, 2860 contre 2510, mais quatre fois plus de morts qu’eux, 463 contre 110 ! La responsabilité de chaque Français serait en jeu ! Alors on cherche ailleurs. On a la Chine et le réchauffement climatique, les politiques, Trump, les patrons, les riches, les fonctionnaires, les impôts et Bruxelles.

L P : Mais Bruxelles vient de décider d’un Plan et nous donnera 40 milliards, quoique j’ai entendu que ce n’était pas assez !
L Dr : Toujours pareil : la peur !

L P : Et cette deuxième vague ?
L Dr : Mais nous sommes dans la première ! Et comme nous ne suivons aucune règle, elle persiste et nous nous sommes déjà ruinés. Nous avons tout dépensé, en imaginant que les milliards étaient la solution, alors qu’un mètre entre nous suffirait !

L P : Donc ce que disent les médias est vrai ? Si une autre vague nous arrive, nous sommes perdus !
L Dr : Pas seulement nous ! Tous. Et l’Afrique a sa première vague. Ce sera pire.

L P : Quoi Docteur : vous voulez me faire plus peur encore, vous pensez que ce n’est pas déjà assez. Je ne mange plus, ne sors plus, maigris…
L Dr : Il faut soigner la peur par la peur. Il y a pire qu’ici et d’autres risques sont à la porte : sociaux, militaires. Il faut se mithridatiser, comme cet ancien roi qui prenait chaque jour un peu de poison, tant il craignait qu’on ne l’empoisonnât !

L P : Donc, chaque jour quinze minutes de nouvelles à la télévision, dix minutes de radio et trois articles du Monde ?
L Dr : Du Monde ou du Figaro, c’est pareil pour votre maladie !

L P : Mais c’est quoi : « ma maladie » ?
L Dr : Oh, les symptômes sont tous les mêmes : antimacronisme, refus des règles simples pour vous et demande de plus de règles pour les autres, pareil pour les impôts et taxes et plus de protection européenne mais moins de Bruxelles…

L P : Mais c’est contradictoire !
L Dr : Je sais : il ne s’agit pas seulement d’une maladie physique mais psychologique, qui se greffe sur un vieux fond d’envie des riches, mêlé d’ennui et de manque de sport, d’autant plus qu’on nous demande d’éviter tout excès, de vitesse, boisson ou autre.

L P : Alors : qu’est-ce que je fais ?
L Dr : Profitez de la vie. En vacances visitez des coins de France et des musées, dessinez, peignez, écrivez, voyez des amis, à un mètre ou par Skype et travaillez, en faisant attention…

L P : Quoi ? Pas de prise de sang, de scanner, de scintigraphie ?
L Dr : Rien : vous êtes dans un « stress post confinement qui se dissoudra par le déconfinement ».

L P : Vous ne me prenez pas au sérieux : ce que j’ai est grave !
L Dr : Je vous prends au sérieux, pas au tragique. Vous avez tous les moyens de vous soigner et de vous guérir vous-même.

L P : Mais vous disiez que le virus est à la porte !
L Dr : Oui, si on le laisse entrer : alors le chômage explose avec les déficits et les hôpitaux sont pleins. Plus de sous, des morts partout, des émeutes !

L P : Ah, merci Docteur !
L Dr : Merci ! Pourquoi donc ?

L P : Parce que vous m’avez fait très peur : je rentre chez moi, tranquille !