7 mai 2017 au soir : nous aurons un ou une nouveau(elle) Président(e). Après 10 chiffres pour éclairer le débat (notre newsletter précédente), voici 8 mots pour aider à l’interpréter.
Lex monetae : du latin pour commencer ! C’est le droit, pour un état, de stipuler la monnaie dans laquelle se concluent les contrats écrits sur son sol. Il est alors légal de « redéfinir » la dette publique française. Une dette de 100 euros devient ainsi une dette de 100 « nouveaux nouveaux Francs ». Mais on peut se demander pourquoi changer. En fait, l’idée est bien sûr de profiter de cette dénomination pour dévaluer, disons de 20%. Mais alors il y a « discontinuité des contrats », puisque la valeur de la dette a baissé.
Défaut souverain : le « nouveau nouveau Franc » vaudrait, après dévaluation de 20%, 0,8 euro. La dette publique devient exigible, plus une forte montée des taux d’intérêt pour ceux qui veulent acheter les nouveaux bons du trésor et continuer ainsi à financer le pays. A cela s’ajoute plus d’inflation, puisqu’il y aura eu dévaluation, moins de croissance et d’emploi, puisqu’il y aura partout plus d’inquiétude.
Spread : de l’anglais maintenant ! Un spread, c’est un écart. En finance, c’est le pouls de l’économie française. Les marchés financiers regardent l’écart qui sépare le taux d’intérêt de la dette française à 10 ans (0,9%) de celui de la dette allemande (0,26%). 0,64% : ce spread varie en permanence. Il baisse par rapport à son maximum récent de 0,72 % à mi-mars, quand la probabilité de victoire de Marine Le Pen était jugée plus forte. Mais ce n’est pas fini, en liaison avec les incertitudes sur les abstentions, les reports de voix et les législatives.
Robot : et voilà du tchèque ou du russe ! Rabot, c’est le travail et le robot, c’est un être de métal, destructeur d’emplois humains qu’il faudrait taxer pour financer plus de formation des salariés et des jeunes. On comprend l’idée, on voit ses limites. D’abord, un robot c’est de moins en moins une machine et de plus en plus des logiciels qui commandent la machine, l’ordinateur, l’organisation de la production, l’ordonnancement, les achats, les paiements… Ces robots, matériels et surtout immatériels, détruisent certes du travail répétitif. Mais ils permettent en revanche plus de travail spécialisé, non routinier, finement adapté aux besoins et surtout de plus en plus proche. Vouloir taxer les robots, autrement dit en augmenter le prix, c’est leur demander d’être encore plus efficaces, au détriment du travail moins qualifié, ou d’aller voir ailleurs. Ils iront donc aider « les autres ».
Solde primaire du budget : c’est le solde des dépenses publiques avant les frais financiers liés à la dette. Pour 2017, comptez 50 milliards (350 milliards de dépenses – 300 de recettes). Ajoutez 42 milliards de frais financiers et vous trouvez le déficit budgétaire de la France, pays qui s’endette, aussi, pour payer ses frais financiers. Pourvou qu’ça doure, disait la mère de Napoléon !
Austérité : mot tellement imprimé dans nos têtes qu’il résiste à la réalité des chiffres. En fait, nous ne vivons pas une baisse du revenu, mais la difficulté d’une nouvelle croissance. Oui, le revenu réel par unité de consommation (l’indicateur qui tient compte de la taille des familles) a connu un net ralentissement depuis les années 1980 – mais c’était la fin du rattrapage d’après-guerre. Oui, avec la récession mondiale de 2008, ce même revenu réel a connu trois baisses en 2010 (-0,4%), 2011 (-1,5%) et 2012 (-1%). Mais il est depuis reparti à la hausse, notamment en 2015 (1,2%) et en 2016 (1,5%). N’empêche, on regrette le passé fantasmé des années 50 – qui n’étaient pas nécessairement glorieuses, on s’inquiète du futur – la « génération perdue » et plus encore de ce qui pourrait nous arriver si on ne change pas – comme en Grèce !
Deeptech : mot malheureusement absent des programmes politiques. Il s’agit d’aller plus en avant dans les tech qui nous entourent (fintech en finance, cleantech en écologie…). Voici donc les nouveaux soins, vêtements, moyens de communication et voici la nouvelle agriculture. C’est très coûteux, prometteur et risqué : donc il faut investir et former pour y être !
Plateformes : elles pilotent désormais nos économies. Nous sommes en France parmi les premiers utilisateurs d’Uber et d’Airbnb. Nous prenons rendez-vous chez le dentiste et notre place au cinéma. Même si elles font râler, ne ratons pas cette avance dans l’économie mondiale !