5 économistes en Webinaire, avec le Premier ministre

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 5 économistes en Webinaire, avec le Premier ministre

Le Premier Ministre: Bonjour et merci d’être en ligne. Je cherche à nous sortir du COVID-19 et j’écoute vos propositions.

Economiste 1: Bonjour, les ménages ont beaucoup d’épargne. Je propose donc de soutenir la consommation avec une baisse de la TVA sur les réfrigérateurs, les machines à laver, les automobiles…

Le PM: Merci. Mais s’ils ont beaucoup d’épargne, pourquoi subventionner leurs dépenses ? Notre déficit budgétaire est déjà énorme. Et vont-ils beaucoup dépenser s’ils se disent qu’un COVID-20 guette et qu’ils iront moins loin en vacances ? Et ces réfrigérateurs et autres viennent-ils de Chine ?

Economiste 1: Vous n’avez pas tort.

 

Economiste 2: Bonjour, moi je propose de taxer les dividendes.

Le PM: Oui, pour les entreprises assez bêtes pour en distribuer, face à l’effondrement des profits 2020 ! Quant aux profits 2019 qu’elles avaient promis de distribuer et gardées en trésorerie, elles doivent faire attention avec les délais de paiement actuels : les liquidités sont précieuses ! Mieux vaudrait expliquer aux actionnaires qu’il est plus prudent de garder cet argent – au cas où, ou pour faire de belles opérations en achetant des entreprises en déroute. Ils comprendront. En fait, je crains plus les pertes que les dividendes !

Economiste 2: Ce n’est pas faux.

 

Economiste 3: Moi, je propose un amortissement accéléré pour soutenir l’investissement. Au premier trimestre, il a baissé de 11%. Nous perdons en compétitivité.

Le PM: Oui. Mais si l’investissement a chuté, c’est faute d’être livrés, de pouvoir payer et surtout de savoir ce qui va arriver. Qu’est-ce qu’il y a dans les têtes des patrons : vouloir étendre et revoir leurs ateliers, avec la distanciation, revoir leurs chaînes de production, acheter plus de robots, nouer des alliances, acheter des concurrents, changer de métier ?

Economiste 3: Je comprends que mon idée ne vous convainc pas.

Le PM: Ma foi…

 

Economiste 4: Je vous propose de taxer les ménages qui vont encore bien et les entreprises qui ne vont pas encore mal.

Le PM: Certes, j’ai besoin de 150 milliards ! Mais l’impôt sur la fortune immobilière rapportait 2 milliards et, avant, l’ISF 4. Mais avec la bourse qui a plongé et la baisse de l’immobilier, je me demande si l’IFI va m’apporter 1 milliard !

Economiste 4: Oui, je crains que vos besoins, pardon nos besoins, ne dépassent les capacités des PME et des 40 milliardaires qui nous restent, sur 2 100 dans le monde.

Le PM: Surtout, qui va, acheter les 280 milliards d’euros de dette que l’on va émettre : 150 cette année, plus les 130 qui arrivent à maturité ? La moitié, 140, étaient prévus pour les Français et devaient leur rapporter… 0%. Alors, les taxer…

Economiste 4: Certes.

 

Le PM: Vous êtes le dernier, que proposez-vous ?

Economiste 5: En 2012, quand Mario Draghi a dit qu’il ferait « tout ce qu’il faut » pour arrêter la crise qui pouvait emporter l’Espagne et la zone euro avec, il a ajouté : « Et croyez-moi, ça suffira ». Il n’a pas fourni de liste technique. La crise se soigne par la tête, « par les anticipations », la confiance.

Le PM: Alors je dis : « je ferai tout ce qu’il faudra » !

Economiste 5: Vous l’avez dit, le Président aussi. Mais vous avez ajouté, tous deux, une longue ordonnance où tout le monde a cherché limites, erreurs et contre-indications. Soyez simple, si vous me permettez : aucune autre mesure, mettez de l’ordre dans ce que vous avez annoncé, coordonnez-vous avec l’Allemagne et l’Europe, pour la convalescence et le rebond.

Le PM: J’arrête tout ?

Economiste 6: Non, vous affinez. Vous précisez ce qui est en cours pour aider les salariés et les entreprises avec le chômage partiel, puis pour les décalages de paiement d’impôts et les soutiens bancaires. Chaque fois : simplifiez, homogénéisez, aidez à décrire les mois qui viennent, avec un relai franco-allemand au moins. Le programme de relance européen ne peut attendre début 2021 ! Et il faut encourager le télétravail.

Le PM: Par des aides, des taxes ?

Economiste 5: Le danger c’est le chômage. Les entreprises doivent discuter avec les syndicats. Le vrai problème sera celui des commerces, PME, transports, cinémas… avec les distances. Attendons leurs propositions.

Le PM: Gagner du temps pour s’organiser et vivre « avec » le COVID-19, pousser l’Allemagne pour soutenir la BCE et nous. C’est tout ?

Economiste 5: C’est énorme !

 

Le PM : Emmanuel, fais un Zoom avec Angela, puis vous deux appelez Christine Lagarde pour qu’elle renfloue vite les banques et nous avec.