2049 en Europe : comment appeler les « 30 années depuis le COVID-19 » ?

- Ecrit par

 2049 en Europe : comment appeler les « 30 années depuis le COVID-19 » ?

Rêvons : nous voilà en 2049. Comment baptiser les trente années qui viennent de s’écouler ? « Les 30 glorieuses » ? Ce sera très bien si c’est vrai, mais c’est déjà pris. Et encore, il paraîtrait que, pour la France, la période de reconstruction d’après-guerre ne fut pas si glorieuse que cela. Cherchons ailleurs.

Les 30 calamiteuses ?

Souhaitons que non. Car ce serait reconnaître que nul ne s’est vraiment bien sorti de cette pandémie. Que les États-Unis n’ont pas pu renouer avec leur croissance antérieure, en dépit de tous leurs efforts, de leurs dettes et de leur dollar, pris au piège d’un long isolationnisme qui se serait retourné contre eux. Que la Chine aurait plutôt continué à avancer, mais sans trouver jamais la démocratie, obsédée qu’elle était par l’éclatement de l’URSS – à ne surtout pas copier, et par le risque de divisions internes – à éviter à tout prix. Et que l’Europe se serait alors trouvée coincée entre ces deux « quasi-superpuissances ». Elle n’aurait tiré aucune leçon de la crise du virus, sauf à décider de produire chez elle plus de masques et de médicaments, sauf à rapatrier quelques chaînes de production. Mais elle ne serait pas parvenue à se rapprocher de l’Afrique, pas à construire entre ses membres des liens moins égoïstes, donc plus solides. Les 30 calamiteuses alors ? Nous aurions donc tout raté, malgré les réactions si positives qui naissaient au début, quand l’irruption du COVID-19 nous avait fait voir qu’il ne suffisait pas de dire : « nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles ». Répéter une révélation qui date de 1919 ne prouve pas que l’on avance.

Les 30 laborieuses ?

Ce sera obligatoire, car rien ne sera possible si nous n’arrivons pas à avoir plus de croissance en zone euro, à innover plus, à mobiliser plus et mieux nos énergies et nos capacités, sans réduire nos faux frais d’organisation, nos complexités indues, sans nouer des alliances bien plus fortes, sans nous protéger plus et mieux. Réduire le poids de nos dettes implique d’augmenter le poids de la zone euro dans l’espace mondial. 35 heures, retraite à 62 ans et autres « avantages acquis » deviennent des illusions quand ils sont payés à crédit et à 0% d’intérêt, car de tels miracles ne durent pas.

Les 30 malicieuses ?

Pourquoi pas, si nous arrivions à nous faufiler entre ces deux monstres, américains et chinois, en profitant du fait qu’ils n’auront cessé de se combattre, au point de se neutraliser. Entre deux Goliath, il y a peut-être place pour un David plus innovant et agile, ce qui implique qu’il saura mieux se coordonner, pour mieux réagir. Le terrible paradoxe du COVID-19 est de montrer que la source de la pandémie, la Chine, se sort mieux économiquement d’affaire que les Etats-Unis et nous.

Les 30 astucieuses ?

Et pourquoi pas ? Produire au-devant des désirs sera la solution, si l’on arrive à mieux satisfaire les souhaits de chacun, avec plus de proximité, de confiance, de qualité, de souci écologique et plus encore de prescience. Le Grand Marché européen, si et seulement si il est largement satisfait par le Grand Ecosystème européen, est la garantie de notre futur, avec une expansion à l’Est et plus encore au Sud, en Afrique. Nous avons devant nous la clef du succès et ne l’utilisons pas, car nous ne la voyons pas !

Les 30 lumineuses ?

Oui si nous cessons de… broyer du noir, de faire la liste des périls qui vont nous engloutir, de nous complaire dans une posture d’inquiets permanents, de perdants par avance, de soucieux de Chevaux de Troie quand on n’écoute pas Cassandre, ou d’inquiets d’alliés infidèles, quand on ne renforce pas l’Union en montrant ses avantages. La Chine a fait un remarquable retournement, suite à la pandémie, mais inquiète d’autant plus. Les États-Unis ne cessent de montrer leurs divisions, preuve si l’on veut de la force de leur démocratie ou bien de la profondeur de leurs cassures. La Chine veut plus encercler les États-Unis et l’Europe que les diriger, c’est un jeu de go. Les États-Unis préfèrent menacer et sanctionner qui leur désobéit dans ce monde que le diriger, c’est moins dispendieux. Mais nul pays n’en suit longtemps un autre sous la menace et s’il n’a pas d’attrait, n’émet aucune lumière, n’inspire pas. En bien ou en mal, les idées mènent toujours le monde. Pourquoi donc aujourd’hui, avec l’Afrique, l’Europe ne relèverait-elle pas le bon flambeau ? Alors, ce seront : « Les 30 miraculeuses » ?