Facile à dire
Oui, c’est plus facile à dire qu’à mettre en pratique, sans compter que cela paraît trop plein de bonnes intentions, pour ne pas dire : « bisounours ». Et pourtant, quand on voit les conséquences du match de football qui s’est déroulé à Munich en mai dans le calme, mais a suscité à Paris des débordements, on cherche des solutions. En plus, c’est le PSG qui a gagné contre Milan !
Tout défile alors pour expliquer ce qui s’est passé : l’école ne fait plus son travail, les réseaux dits sociaux dissolvent le social, les parents sont absents, les entreprises stressent trop et payent trop peu… Viennent les solutions répressives : il faut plus de caméras, de police et de surveillance de proximité, avec plus d’effectifs, de moyens et de reconnaissance faciale, plus d’exclusions des écoles, de sanctions immédiates et courtes, plus de prisons « légères », l’arrêt des allocations familiales, sans compter les interdictions des séries violentes ou des ventes de couteaux… En face, si l’on peut dire, campent des solutions plus apaisantes : sport et yoga, classes dédoublées, programmes adaptés et innovants, stages, découvertes d’autres pays et langues, conférences, entreprises plus inclusives et apprenantes, voire désarmement de la police municipale et fin des caméras, plus d’embauches partout…
Coûteux
On dira que ceci est coûteux, avec des pouvoirs publics impécunieux et une dette menaçante. Surtout, la recherche des diverses causes à ce qui nous arrive et qui se dit partout ne peut expliquer tout ce qui se passe, se répand et moins encore le corriger : relâchement des liens familiaux, déclins social, européen ou français, guerres en Ukraine, à Gaza, entre Israël et Iran, polarisation extrême des richesses, perte crainte de l’identité nationale face aux immigrations, baisse des croyances d’un côté, guerres de religion de l’autre, conflits des puissances pour l’hégémonie du monde entre États-Unis et Chine, crise écologique, renaissance des empires, drogue… La liste est longue. Comment réduire cette violence, rarement connue avec une telle intensité, notamment chez les jeunes (garçons), partout ressentie et attisée par Internet, et annoncée sans issue ?
Chacun chez soi
Le Président Donald Trump dit comment : interdire l’entrée aux États-Unis à une douzaine de pays, la limiter pour une douzaine d’autres. MAGA, Make America Great Again, c’est en fait Make America Great Alone : ce sont le protectionnisme et l’isolationnisme. C’est ce qui explique la montée des votes dits « de droite » ou « d’extrême droite » aux USA, puis en Europe, les inquiétudes qui montent par rapport aux mouvements migratoires, en même temps que chutent les naissances.
Mais la morale est affaire d’ouverture
Aujourd’hui, tout converge chez chacun de nous, dans sa propre conscience. La morale est ce qui vient des messages, des règles, interdits, encouragements et comportements de tous, accumulés, assimilés et intériorisés par chacun. Mais, par un étrange renversement, parler de morale fait « vieux », « dépassé ». En même temps, on peut se demander ce que serait une société, un monde, sans morale. Le drame que nous vivons est que la morale seule ne fait pas « la » solution, alors que sa crise fait évidemment « le » problème.
Comment en sortir ?
La morale se vit plus qu’elle ne s’enseigne. Elle est expérience, approfondissement. Il s’agit de faire le départ entre ce qui ne dépend pas de nous seuls, dont nous devons nous accommoder et ce qui dépend de nous seuls et doit nous fortifier, mais avec les autres. La morale n’a de sens que collective, partagée. Dans une société qui mesure le succès au nombre de followers, d’influencés, alors qu’il s’agit pour chacun de mieux se connaître pour mieux se maîtriser, d’avancer soi-même, en faisant avancer les autres. Le « connais-toi toi-même » socratique n’est pas une invitation à l’introspection, en lieu et place des psychologues et coaches qui pullulent, mais à l’amélioration de chacun, avec et par plus de liens à nouer.
La morale individuelle est sociale
Elle est là pour faire société, au milieu ce qui nous distend de plus en plus. C’est ici tout ce que l’on attend de la démocratie, qu’elle joue son rôle dialectique : différencier d’abord les opinions pour en débattre, dans des limites acceptées, pour se réunir ensuite, avec et après le vote. La morale de la démocratie, c’est ce double mouvement, avec l’acceptation de la règle majoritaire. C’est la base de notre vie en société, partout la même.