La guerre coûte de plus en plus cher
On s’en doutait mais on le mesure, avec les obus, les tanks, les avions, et ces drones, aujourd’hui indispensables. La guerre se déroule devant nos yeux, entre une armée russe qui ne compte pas les vieux stocks d’armements qu’elle écoule et qui finance, sans problème, ses achats et ses troupes, par son pétrole, vendu notamment à la Chine, et son gas, vendu à la Chine et pour partie aussi à la France. La situation est évidemment très différente pour l’Ukraine, qui n’a ni les uns ni les autres, et moins encore les moyens de financer son effort. Elle en vient donc à demander des aides, des dons et matériels européens et américains, dons en euros, dollars, armes et informations, plus… des prêts américains.
Ce qui devait arriver arrive, malgré l’héroïsme des troupes et du peuple ukrainiens. Les armes et l’argent tardent à venir. Surtout, Trump élu, comme on pouvait le penser, pèse de tout son poids pour hâter une trêve, sans trop se soucier des garanties contre une avancée russe, et en essayant d’avoir un « accord » pour exploiter les minéraux du sous-sol, histoire de recouvrer 350 milliards de dollars avancés (on parle de 150, selon les calculs européens). Bref, rien n’est prêt.
Nous sommes en avant-économie de guerre
On entend parler de passage « à l’économie de guerre », sans doute pour préparer les esprits. A l’heure actuelle, il s’agit plutôt d’augmenter les cadences de production, ce qui implique plus de ressources pour augmenter le fonds de roulement, mais pas pour changer d’échelle de production. Pour cela, il faudra plus de financements durables, un emprunt national ou européen par exemple, autrement dit des commandes en liaison avec un plan de nouveaux équipements.
Parler de ressources, en discuter les modalités, c’est ne pas vouloir voir la nouvelle réalité, une défense pour et par l’Europe, avec les amples matériels et les nouvelles structures qui iront avec, plus les soldats. C’est alors que l’économie de guerre entrera en concurrence, bientôt en opposition, avec l’économie écologique et surtout l’économie sociale : pouvoir d’achat, durée du travail, égalité des salaires entre hommes et femmes, retraites. Parler impôts ou emprunts, c’est repousser dans le temps la réalité que nous laissent Poutine et Trump. Et nous, qui avons largement croqué les fameux « dividendes de la paix » ? Nous devons nous défendre, ce qui ne fait pas l’affaire de certains « défenseurs des avantages acquis ». On aura reconnu des salariés « protégés » et leurs « garants », officiels ou non : partis, syndicats, ONG… L’économie de guerre annonce la fin de la paix sociale.
Saisir les avoirs russes : moral, vol ou facile ?
La tentation est grande que la puissance européenne, pour alléger ses besoins, profite des 230 milliards d’euros, dont 210 viennent de la Banque centrale russe, déposés en Europe à Euroclear, société de gestion de fonds basée en Belgique. Le reste vient de comptes et de résidences possédés par des hiérarques russes. D’abord gelés, ils seraient confisqués selon certains, pour faciliter, en partie, la reconstruction de l’Ukraine. Mais l’Union européenne avance à pas comptés. Elle met en avant les notes de ses juristes qui ont seulement permis l’usage par l’Ukraine du « produit » des fonds gelés (10 milliards d’euros d’intérêts). Moral : pas le problème, disent les juristes ; vol pour les opposants à l’idée ; facile, pensent des politiques, inquiets devant les 860 milliards à emprunter pour l’Europe de la Défense. A preuve, la résolution approuvée par le Parlement français en mars 2025, qui appelle à la saisie des avoirs gelés, alors que le gouvernement s’y oppose.
Saisir les avoirs : bon pour l’or contre le dollar et surtout l’euro
Saisir les avoirs russes : le message est envoyé à tous les gestionnaires du monde. Il devient : se méfier aussi de l’euro. Même la Banque centrale russe, qui a pris soin d’éviter le dollar (et vendu ses bons du trésor dans cette monnaie) s’y est fait prendre.
Le dollar inquiète : déficits budgétaires, foucades de Trump, plus ses idées de recourir au bitcoin pour créer une réserve, ou ses guerres douanières… De plus en plus, les pays en croissance échangent entre leurs monnaies, évitant le « risque dollar », ou passent par le yuan. En attendant qu’il « grandisse » encore, l’accent est mis sur l’or : plus de 3000$ l’once, record historique. Tous les pays vont en acheter, ne plus entasser dollars ou euros. Il faut avertir notre Parlement.