Un regard sur la conjoncture par Jean-Paul Betbeze, Economic Advisor pour Deloitte.
Le 16 mars, « jour des quatre sorcières », s’est bien passé aux Etats-Unis. Le 3ème vendredi de fin de chaque trimestre, est en effet le jour d’expiration de toutes les options et de tous les futurs, sur indices et sur actions aux États-Unis. On pouvait s’attendre à plus d’échanges et surtout à plus de volatilité, mais tout semble s’être bien passé. Les marchés américains ont bien tenu, le Dow Jones est (juste) repassé au-dessus de 25000 et le 10 ans américain s’est détendu à 2,82.
Signaux mêlés : l’OCDE est plus confiante, mais elle note aussi : « Getting stronger, but tensions are rising », tandis que la BRI (Banque des Règlements Internationaux) se montre surtout inquiète de la dette chinoise. Pour l’OCDE, l’expansion devrait continuer et se renforcer passant de 3,7% en 2017 à 3,9% en 2018 et 2019 pour l’économie mondiale. Les Etats-Unis croîtraient aux mêmes dates de 2,9% puis 2,8%, la zone euro de 2,3% puis de 2,1%. Le PIB de l’Allemagne croîtrait de 2,4% puis de 2,2% à ces mêmes dates, et celui de la France de 2,2% puis de 2,1%. Il y aurait conjointement plus d’échanges internationaux et d’investissement. Surtout, il y aurait non seulement plus de confiance des entreprises et des ménages, mais aussi plus de dépenses publiques, notamment aux Etats-Unis (nouveauté liée à Donald Trump) et bientôt en Allemagne, avec l’accroissement des déficits publics (nouveauté liée aux élections). Ce supplément est de nature à accroître dans ces deux pays la croissance de 0,3 à 0,4% sur les deux à trois ans qui viennent, et à expliquer l’accélération prévue.
Pour l’OCDE, le chômage se réduirait lentement. Ceci diminuerait le slack sur le marché du travail, faisant monter graduellement les salaires, les prix et les taux d’intérêt. Pour l’OCDE, 4 hausses de taux courts auraient lieu en 2018 et 2019, ce qui n’est pas (encore) envisagé par les marchés.Alors, pour l’OCDE, les risques viennent plus des tensions commerciales et de la montée des dettes, avec des actions chères (le Price-Earning ratio du S&P
500 est proche de 35, soit le double de la moyenne historique), alors que le rythme des réformes a tendance à ralentir. C’est là tout le problème : des taux plus élevés alors que la dette est plus importante que jamais, avec des actions au plus haut et des réformes en retard.
Le G20 finance se réunit à Buenos Aires lundi et mardi. Il devrait débattre des échanges et de la montée des taux. La question de la lutte contre la corruption et surtout de la montée du protectionnisme sera dans tous les esprits… mais il faudra voir comment elle apparaîtra dans les textes publiés.
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