La conférence de presse du Président de la République est très attendue. Les chefs d’entreprises espèrent le meilleur sur les plans économique, social et fiscal. Selon Jean-Paul Betbèze, pour qu’un pacte social fonctionne, il faut parler aux marchés financiers....
Le Président Hollande l’a annoncé : la France va mieux et décide, pour aller vraiment bien, de faire une triple cure… après les autres. La première cure consiste à modérer la progression des salaires, la deuxième à faire baisser les charges sur les entreprises, la troisième à réduire enfin la dépense publique.
Mais pourquoi donc cette diète, et surtout après les autres ? Parce que les efforts que les autres ont faits marchent et se retournent contre nous. L’Allemagne croît plus vite et investit plus. Elle gagne ainsi en compétitivité hors coût. L’Italie et surtout l’Espagne sont en train de repartir, avec des baisses de dépenses publiques et de salaires, donc avec des gains de compétitivité coût. Nous sommes coincés.
Mais pourquoi donc parler de pacte social, donc de négociation sur les salaires ? Parce que les salaires perçus par les salariés augmentent encore vite et grignotent la baisse des charges permise par le CICE. Au lieu du transfert qui était prévu : salaire nominal stabilisé et moins de charges privées compensé par plus de dette publique, en attendant le relais de la TVA (entre autre), nous allons vers : plus de salaire nominal… compensé par le CICE, donc pas de vrai gain de compétitivité et de vrai gain à l’export, donc plus de dette publique. Tout ceci inquiète les marchés. Ils ne voient pas comment faire « passer » aux ménages la baisse des charges des entreprises. Les marchés se disent en effet que la TVA prévue en hausse peut conduire à de nouvelles hausses de salaires… et ainsi de suite. Et la croissance ne repart pas, au contraire.
Regardons les chiffres de l’Insee : les salaires montent en France de 2% sur un an au troisième trimestre 2013, plus que l’inflation. Les salaires avec charges augmentent de 2,3 % sur douze mois au troisième trimestre et de 0,5 % seulement y compris CICE. Le CICE a permis d’augmenter les salaires sans faire baisser les coûts. Ceci ne peut pas continuer.
C’est alors qu’on nous annonce la baisse de la dépense publique, disons 10 milliards par an (50 milliards annoncés sur plusieurs années), ce qui peut avoir un effet récessif de 5 milliards, 0,2% de PIB (estimation). La reprise prévue à 0,7%, avec des taux longs qui montent puisque les taux américains montent d’un côté et que, d’un autre côté, Espagne et Italie font moins peur, peut ainsi se voir considérablement rabotée. Elle passe de 0,9 à 0,7%.
Ce qui est donc sûr, c’est que le pacte social, dans l’entreprise, et le pacte « fonctionnarial », dans la fonction publique, sont indispensables mais qu’ils vont peser sur la reprise à court terme, en aidant à moyen terme. C’est l’enjeu. Pour s’en sortir, il faut être clair sur le pacte en interne et plus encore en externe, pour que les marchés financiers nous soutiennent.
Ce n’est pas gagné, mais indispensable. Maigrir et repartir à la fois, ce n’est jamais facile, encore moins quand les autres l’ont fait.
Boursorama