Le temps des nouveaux impôts

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Etats-Unis : jouer les prolongations de la politique monétaire pour permettre à l’impôt d’inflation de jouer Les Etats-Unis, premiers entrés dans la crise de la dette (et pour cause) sont en train d’en sortir… les premiers. Pour en être bien sûrs, ils veulent que leur croissance reparte davantage et que leur dette réelle baisse. Et pour que leur dette réelle baisse, il leur faut des taux nominaux longtemps très bas et un peu plus d’inflation. Pour que les taux soient bas, la Fed a abaissé ses taux courts à 0 % et acheté des Bons du Trésor. Les profits des entreprises remontent, puis les ménages vont mieux, notamment parce que le prix des logements remonte. Mais la reprise est lente. Donc il faut que les taux restent bas plus longtemps encore et que l’inflation reparte un peu plus. C’est là tout le travail de Janet Yellen, la future Présidente de la Banque centrale américaine. Il faut dire qu’elle va attendre encore avant de réduire ses achats mensuels de Bons du Trésor et de relever les taux courts. La bourse aime. Et il lui faudra être plus claire pour les taux longs. C’est tout l’art de la forward guidance, l’annonce de la logique que suit la Fed, pour éviter que les marchés ne sur-réagissent, autrement dit que les taux longs ne remontent trop. Pas facile de dire aux emprunteurs (chinois et autres) qu’on prévoit de les toiser plus… mais pas d’autre solution...

Zone euro : bonne et mauvaise désinflation ? C’est la distinction à la mode en zone euro, pour expliquer que la désinflation en cours peut se poursuivre, parce qu’elle est en réalité une désinflation des coûts, autrement dit, elle est liée à la baisse des coûts salariaux. Tour le monde a compris, cette baisse doit se poursuivre : cet impôt salarial ne lance pas une spirale déflationniste, autrement dit, l’idée que demain, partout, les prix seront plus bas et qu’il ne faut pas acheter aujourd’hui. Le risque c’est que cette spirale est auto-réalisatrice : si les européens achètent moins aujourd’hui parce qu’ils pensent que les prix baisseront demain, alors ils baisseront demain. L’impôt de désinflation doit laisser davantage place à celui d‘inflation, surtout pas de déflation, nous dit la BCE. Alors… il lui faut agir !

BCE : aller vers des taux négatifs pour les dépôts des banques à la BCE ? Il n’y a pas assez de croissance et surtout pas assez d’inflation en zone euro, nous dit aussi la Banque centrale européenne. Alors elle baisse ses taux courts à 0,25 % et annonce qu’elle peut continuer si nécessaire, tout en maintenant à 0 % les taux de dépôts que font les banques chez elle. En même temps, la BCE nous dit que les banques ont trop de liquidités et ne font pas assez de crédits, surtout en Espagne et en Italie. Le message est assez clair : les banques doivent prêter plus, autrement elles pourraient subir des taux négatifs sur leurs dépôts en Banque centrale – un autre impôt donc. France : une nouvelle baisse des conditions de dépôts ? L’impôt sur les portes (on dit maintenant « portiques ») et fenêtres étant différé, une baisse du taux du livret A se profile. L’emprunt perpétuel pour financer la dette française (alias le livret A) pourrait ainsi passer à 1 %, 0,75 % serait techniquement  mieux, faisant baisser tous les dépôts bancaires. L’idée est claire : il faut que les Français « épargnent moins pour consommer plus » et, s’ils ne le veulent pas, alors qu’ils perdent un peu dans la rémunération de leur épargne liquide. Certains finiront bien par consommer, d’autres par s’endetter. La croissance y gagnera.


Deloitte

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