Le Covid-19 avance toujours, les bulles boursières aussi. L’euro paye le prix de la situation américaine en attendant le Brexit

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Alors que les premières campagnes de vaccination ont débuté au Royaume-Uni, les principales devises et les marchés financiers sont toujours impactés par la pandémie de Covid-19. Jean-Paul Betbeze décrypte et analyse les dernières tendances.

Le Covid-19 avance toujours, les bulles boursières aussi. L’euro paye le prix de la situation américaine en attendant le Brexit

 

1 – Bientôt 72 millions de cas de COVID-19 et plus de 1,6 million de morts. Les États-Unis, en nombre absolu, sont les plus affectés avec 16,3 millions de cas, presque 250 000 nouveaux par jour, en plein milieu d’une crise politique sur l’issue des élections. Ceci doit, en large part, expliquer cela. C’est bien pourquoi un autre plan de soutien y a été décidé, après des semaines de discussion, alors que la situation économique et sociale de chômeurs de longue durée empire. Ce plan portera sur un trillion de dollars de dépenses supplémentaires, au moins. Dans ce contexte, la Banque Centrale Américaine (la Fed) va sûrement annoncer qu’elle entend prolonger ses taux courts à 0,25% pendant un an, au moins, sachant que l’inflation remonte à 1,4% sur un an. La Fed mène donc une politique ultra-accommodante, en attendant les mesures nouvelles que le Président Biden pourrait prendre (ceci dans l’hypothèse où les nouvelles attaques prévues par le Président Trump ne marcheraient pas !). Plus de soutien monétaire et budgétaire américain donc, dans un rare effort pour accélérer la reprise, en pleine crise sanitaire.

 

Etats-Unis : la troisième vague de cas de COVID-19

 

2 – La zone euro « recalibre » alors, comme prévu, autrement dit augmente son soutien à l’économie. Elle constate moins de croissance et d’inflation chez elle, donc elle annonce des taux plus bas plus longtemps avec des soutiens plus importants aux états pour financer les déficits et aux banques pour financer la reprise. «  Si l’activité continue de bien résister dans le secteur manufacturier, elle est freinée fortement dans les services… L’inflation reste très faible… Globalement, les données qui nous parviennent et les projections réalisées par nos services suggèrent, par rapport à ce qui avait été envisagé précédemment, une incidence à court terme plus prononcée de la pandémie sur l’économie et une apathie prolongée de l’inflation » écrit la BCE le 10 décembre. Pas de surprise donc, non plus, si la BCE maintient ses taux aussi longtemps qu’une inflation à 2% n’est pas en vue, qualifiée « d’apathique »(alors qu’elle est négative), si elle augmente de 500 milliards d’euros l’enveloppe d’achats d’urgence face à la pandémie (pandemic emergency purchase programme, PEPP). Elle la porte à un total de 1 850 milliards d’euros, jusqu’à fin mars 2022 « au moins » et entend accroître et prolonger les programmes de financement (TLTRO III) des banques, à des conditions privilégiées. L’idée est de soutenir leurs marges pour faire des crédits, autrement dit, sans le dire, de faire des crédits sans doute plus risqués.

 

3 – Mais, comme la Fed prévoit, sans trop le dire, de maintenir des taux réels plus bas que ceux de la zone euro, -1% contre -0,2%, avec en plus un creusement de son déficit de sa balance des comptes courants, le dollar va baisser encore par rapport à l’euro. Sans le reconnaître, c’est donc une guerre lente des changes qui se met en place, pour repartir plus vite côté américain. L’appréciation de l’euro par rapport au-dollar, dont parle régulièrement Christine Lagarde, a ainsi un double effet négatif sur la zone euro : moins de croissance, encore moins d’inflation. Dans ce contexte, la BCE n’a pas le choix : permettre plus de crédits publics et privés, moins chers et pour plus longtemps, pour soutenir l’activité et freiner, au moins, la montée de l’euro.

 

4 – Mais si le vaccin doit arriver et si l’inflation est plate aux États-Unis et négative en zone euro, les taux courts et longs vont rester bas, donc la bourse ne peut que monter, avec des symptômes de bulle. 100 milliards de dollars pour l’introduction en bourse de Airbnb, contre 47 attendus et Astra Zeneca achète Alexion pour 39 milliards de dollars, avec une prime de 45% par rapport à sa valeur de marché du 11 décembre, en sont les signes les plus récents, sans parler de Tesla !

 

D’abord, les taux longs restent bas, même si l’inflation monte : cas le plus favorable. C’est ce qui se produit en Grande-Bretagne et aux États-Unis, évidemment grâce aux appuis de leurs Banques Centrales respectives. Ensuite, les taux restent négatifs en Allemagne et en France, même si les besoins de financement augmentent : cas toujours favorable. En troisième lieu, cas plus compliqué, l’Italie emprunte plus, moins cher, ou plus exactement ses banques, dans une économie où les prix baissent, à cause de ses difficultés. La BCE n’a alors qu’une solution : continuer de financer le pays et d’aider ses banques, en attendant que se déversent les crédits européens, autrement c’est l’horreur de la crise déflationniste. En quatrième lieu, la Chine connaît des rendements réels élevés en même temps que son inflation baisse nettement, ce qui la fait emprunter à taux négatif dans ses dernières émissions à 5 ans : -0.15% et à 0,62% à 15 ans. 4 milliards d’euros viennent de s’y placer sans problème !

 

Les bourses ne peuvent alors que monter. Si la croissance doit peu à peu se reprendre et si, surtout, les vaccins doivent arriver alors que les taux restent bas, c’est la meilleure configuration que l’on peut imaginer. La liquidité est et restera ample, ce qui est excellent pour les entrées en bourse, avec les records que l’on voit, tandis que les OPA se mènent avec des primes élevées et d’amples financements bancaires qui semblent ne rien redouter.

 

5 – L’or réduit son avance, les marchés prenant leur profit, les produits agricoles profitent de plus en plus de la reprise chinoise et le pétrole réduit un peu ses pertes. Les marchés revoient donc leurs positions pour le futur : une croissance lente, peu inflationniste et très asiatique.

 

6 – Dans le cas français, la question se pose du troisième confinement.

Le quatrième trimestre sera négatif, avec les interrogations qui pèsent sur la consommation et surtout le risque d’un troisième confinement ou, au moins, d’ouvertures différées de certaines activités. Dans ce contexte, même si les soutiens de la BCE demeurent, les pressions vont monter sur les octrois de crédits bancaires. Après – 9,1% en 2020 selon l’OCDE, la reprise serait seulement de 6% en 2021 et 3% en 2022.

 

France : la troisième vague de cas de COVID-19 en question

 

7- Evidemment, le Brexit est la question majeure au Royaume-Uni, sachant qu’il a eu lieu dans les esprits, indépendamment de ses modalités et de ses prolongations de  prolongations !

-11,2% de croissance 2020, puis +4,2% et 4,1% en 2021 et 2022 selon l’OCDE qui prend une vision moyenne sur le Brexit : le Royaume-Uni s’engage vers un sentier de croissance plus faible avec une pandémie qui reprend, en attendant les effets de la campagne de vaccination.

 

Royaume-Uni : la troisième vague de cas de COVID-19 est là, arrêtée par le vaccin ?


Atlantico

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