Observez-vous lors de vos échanges une évolution de l’importance accordée (par les économistes, les entreprises, les institutions…) au capital immatériel et à la knowledge economy, notamment au capital humain, particulièrement depuis le début de la crise financière de 2008 ? « L’immatériel voit son importance croître, non seulement en liaison avec le développement de l’économie de l’information au sens large, et la révolution qu’elle amène, mais plus encore avec le fait que cette économie, bien comprise et assimilée, peut aider (va aider) à sortir de crise les pays industrialisés, la France au premier rang. C’est parce que la Knowledge economy devient non seulement un actif mais plus encore un actif stratégique qu’elle est ainsi valorisée. Ceci est le meilleur des atouts. »
Selon vous, peut-on faire un lien entre l’investissement capital humain et la croissance ? Quelle analyse selon les blocs économiques (Europe/ BRICS…) ?
« Il est extrêmement difficile de faire le lien entre capital humain et croissance, pour des raisons de mesure. Le capital humain est un stock qu’on apprécie très mal, tant pour ce qui concerne sa naissance, sa croissance, sa réduction que son entretien. La croissance est un flux que l’on mesure depuis des années, avec des limites aussi, mais plus réduites. On peut essayer d’en avoir des approches indirectes : R&D, brevets, indicateurs de formation, indice PISA…. mais la logique est très partielle. Notamment, le processus de rattrapage des pays émergents est mal suivi, avec des pays qui ont la capacité de sauter des technologies et d’utiliser plus directement des méthodes de formation. »
En tant qu’expert sur les sujets et débats économiques actuels, pensez-vous qu’il existe un « value gap » entre la valeur des entreprises et celle perçue par les marchés ? Que ce « value gap » pourrait être réduit par une meilleure prise en compte de la valeur des actifs immatériels comme le capital humain et par une communication spécifique sur cet aspect de la valeur?
« Ce « value gap » existe mais, pour être reconnu, il implique des méthodes testées et approuvées. Autrement, le marché doutera des écarts de valorisations entre les approches classiques et celles qui sont proposées. La normalisation, et les contrôles, sont donc décisifs. »
Sur la page d’accueil de votre site web « Betbèze Conseil », vous parlez de «nouvelles sources de compétitivité et d’innovation ». Est-ce que vous pensez que le capital humain en est une ? Comment faites-vous pour convaincre les PME comme les grandes entreprises d’investir (et comment) dans le capital humain pour le transformer en source durable de compétitivité?
« Pour être clair, il faut se dire que les entreprises sont actuellement sous pression, notamment les PME. Pour convaincre les entreprises d’investir en capital humain, autrement dit de former, il faut parler de compétitivité à maintenir (au moins) – et donc de faire évoluer le débat salaire/pouvoir d’achat vers un débat formation/maintien en emploi/salaire. Ceci est peut-être défensif, mais est décisif si l’on veut avancer. Il faut expliquer et convaincre, à l’intérieur des entreprises. »
Près de 62% des créations d’emploi de 2013 viennent des TPE-PME. Quelles bonnes pratiques proposez-vous pour encourager et permettre aux PME/ETI d’investir dans le capital humain ?
« La bonne pratique c’est l’analyse de la compétitivité et de ce qui la menace. Cet examen conduit à ce qui la maintient, puis l’accroît, toute une atmosphère de communication, d’échange, d’ouverture, de veille, de tests, d’acceptation des erreurs… Il faut donc commencer par les patrons et les RH. »
easybourse