Un référendum : pourquoi ?

- Ecrit par

Pour répondre : « non ».

 Un référendum : pourquoi ?

Non à Macron, au Sénat, à ces politiques si nombreux, à ces hauts fonctionnaires si bien payés, à l’ENA si omniprésente, à la « caste », aux métropoles, à Paris et Bruxelles, où tout se passe… Oui, donc, à un référendum pour crier : « non » ! Ce sera ainsi qu’on pourra dire nettement, avec moins d’effort, notre désir de ne pas changer, combiné à notre crainte du futur, à notre angoisse d’être perdus, oubliés. Oubliés, ce sera pire encore qu’être prolétarisés dans ces villes où le centre se meurt, avec même des agences bancaires qui ferment, ou bien perdus dans ces bourgs sans docteur, sans cabine téléphonique, Poste, distributeur automatique de billets et bientôt mairie.

Non à la mort ! Ce n’est donc pas « Non aux réformes » — comme on dit à l’Elysée, « Non à l’agilité » — comme on dit au Cac 40. C’est « Non », si on ne nous aide pas plus à se sortir de cette globalisation, de cette internétisation. Pas de surprise donc si, faute de réponse, la peur et la colère ne montent. Les deux vont ensemble, dans cette France en croissance faible, avec ce chômage qui s’incruste, ces jeunes qui peinent, ces retraités qui s’inquiètent, ces « classes moyennes » qui se demandent où elles finiront, et où commenceront leurs enfants. Ceci sans oublier un déficit extérieur qui augmente et un déficit budgétaire qui suit, les deux étant liés, mais dont on ne parle jamais dans les médias, par crainte de « faire du Macron » !

Alors, selon les sondages, 7 Français sur 10 veulent un référendum, suite au Grand débat, Grand débat dont 58% des Français disent ne pas être assez informés. 54% craignent que les propositions réunies ne soient pas restituées « en toute transparence et impartialité ». 58% pensent qu’elles « n’infléchiront pas la politique du gouvernement », d’où ce référendum tant souhaité.

Mais un référendum est binaire. C’est oui ou non, face à un choix stratégique qui engage, en théorie, le pays dans la durée. Or on sait que c’est rarement le cas. Du temps du Général, c’était… lui ou non ! Oui pour la Présidentielle au suffrage universel, et il resta, non pour la Régionalisation, et il s’en alla. Pour les référendums sur l’Europe, on se souvient du oui à l’élargissement à la Grande-Bretagne à 68% (1972), puis du oui à Maastricht à 51% (1992) et du non à la Constitution à 55% (2005). Depuis lors, référendum égale non, surtout sur l’Europe.

Par construction, le référendum ne peut pas être un Questionnaire à Choix Multiple, QCM façon sondage, avec plusieurs questions, ou un classement, moins encore un exercice de pondération des choix. On ne peut nous demander si nous voulons que le déficit public atteigne 2, 3, 4 ou 5 % du PIB, ou disparaisse ! Pas plus qu’on ne peut nous demander de classer des préférences. Par exemple, « dans quel ordre voulez-vous dépenser plus : pour la santé, l’armée, la justice, la police, l’éducation, ou encore l’environnement ? ». Impossible aussi de nous mettre face aux dilemmes que rencontrent les hommes politiques : moins d’impôts (et lesquels) contre moins de services publics (et lesquels), en les modernisant (et comment) et/ou en les privatisant (et avec qui) ?

Autant le dire : le référendum est l’expression de l’émotion du peuple à un moment donné, donc son résultat est prévisible. Le peuple est heureux et confiant : c’est oui, et le pouvoir qui l’a lancé en est ragaillardi. Mais si le peuple est inquiet, malheureux ou mécontent, alors c’est non, indépendamment de la question. C’est pourquoi, dans les sondages, les Français veulent tant un référendum, pour dire non à ce Macron qui ne les fait plus rêver. La jeunesse du Président ne suffit plus à gonfler la croissance, contrer le chômage et les déficits. Ses discours enflammés sur l’Europe sont jugés « trop longs ». Surtout, et c’est le drame, il nous demande de raisonner : quand nous voulons moins d’impôts et plus de services publics en taxant plus les riches avec les 3 milliards de l’ISF, ceci suffira-t-il à résorber nos 80 milliards de déficit budgétaire et nos 60 milliards de déficit extérieur ?

Et si Emmanuel Macron provoquait plus encore : « Voulez-vous quitter la zone euro ? », « Voulez-vous répudier la dette publique ? ». Alors, chacun devra répondre à la question, prendre ses responsabilités et discuter des conséquences de son choix. Il s‘agira de dépasser notre peur du changement et de voir ce qu’implique pour nous « préférer l’isolement ». Car un référendum, ce n’est pas un rêve errant d’homme !