Trois hommes mènent le monde

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Mario Draghi, Jérôme Powell, Zhou Xiaochuan : voilà les trois noms des trois hommes qui mènent le monde, les banquiers centraux de la zone euro, des États-Unis et de la Chine respectivement.

 

Mario Draghi est le plus connu du groupe, avec son objectif d’atteindre une inflation légèrement inférieure à 2%, à moyen terme. Il a évité le pire dans la crise, à savoir l’éclatement de la zone euro, et continue sa thérapie lente, avec l’idée d’avoir évidemment plus d’inflation que les 1,3% actuels, grâce à des hausses de salaires qui seraient liées à plus de croissance partout dans la zone, ceci grâce à ses taux d’intérêt faibles.

Jérôme Powell vient d’arriver dans ce petit groupe, succédant à Janet Yellen. Lui aussi entend obtenir une inflation à 2%, mais il doit le faire avec le plus d’emploi possible.

Le troisième, Zhou Xiaochuan, est le plus secret de tous. Il devrait laisser sa place bientôt à un membre du parti choisi par Xi Jinping, le président chinois. Le nombre d’objectifs de la banque centrale chinoise est extrêmement important, plus de 10. En fait, il s’agit plus simplement de suivre les objectifs du Parti, à savoir une croissance aussi stable que possible autour de 6,75%. Mais cette croissance ne va pas de soi, étant entendu que la Chine entend se développer maintenant par la demande interne, plus faible par construction que la croissance par l’exportation. En même temps, ce changement de stratégie implique de ne pas mettre trop en difficulté les entreprises publiques, recherche de stabilité politique oblige, plus de trouver des ressources pour financer les « routes de la soie », plus de contrôler la croissance trop forte des crédits à la consommation et enfin de veiller à ce que les investissements à l’étranger n’aillent pas vers des actifs non stratégiques (luxe, prestige).

Jérôme Powell et Mario Draghi donnent en réalité les axes de la croissance pour l’économie mondiale, plus un indicateur d’inflation. C’est de moins en moins facile à atteindre, après la crise et dans la révolution technologique en cours, mais il n’y a pas d’autre façon de gérer les anticipations mondiales. Dans ce contexte s’insère la banque centrale de Chine. Elle doit gérer la croissance interne dans ses excès, protéger les entreprises surendettées et contrôler les investissements chinois à l’étranger, parfois jusqu’à la prison des dirigeants !

Au total, notre monde évolue et change profondément de logique sous la houlette de ces trois hommes, deux qui parlent et un qui se tait, profitant de leurs discours, avec parfois des manières bien à lui !