SMIC et inflation

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 SMIC et inflation

Pour reprendre la vieille expression : il n’y a pas eu de « coup de pouce » au SMIC lors de la dernière réunion des experts sur le sujet. Le Premier ministre et le Ministre Sapin ont suivi leur proposition, le Président a signé le décret le 16 décembre : le SMIC horaire est fixé à 9,61 euros.

D’abord, cette expression de « coup de pouce » nous renvoie à Valéry Giscard d’Estaing. Il souhaitait alors que le salaire minimal monte, avec l’idée de pousser ainsi les hausses de salaires dans toute la pyramide, en liaison avec des gains de productivité à promouvoir. C’est la théorie dite du salaire d’efficience. Mais ceci ne vaut que si des gains de productivité sont possibles dans une économie non seulement assez ouverte, ce qui l’encourage, mais surtout assez flexible, ce qui le permet. Or tel n’est plus le cas. Notre économie est de plus en plus concurrencée dans les productions à faible valeur ajoutée et plus encore par les pays à bas salaires (pays émergents) ou à salaires diminués (pays du Sud). En même temps, les rigidités montent sur l’emploi. En conséquence, les marges des entreprises sont sous pression, surtout pour les petites et très petites entreprises. Donc, hausser le SMIC ne fait plus monter les autres salaires, et avec ceci les revenus et la consommation, mais le chômage : l’inverse de ce qui est recherché. On le voit avec le nombre de salariés qui sont au SMIC, 17 %, et avec la montée constante du taux de chômage. Il est donc normal de ne plus faire de « coup de pouce », même si l’expression reste.

Cette stabilisation du SMIC est d’autant plus fondée que les prix ne montent plus. Ils n’ont enregistré aucune hausse sur un an et même une baisse de 0,2 % en décembre – en large part du fait de la baisse des prix du pétrole. De fait, selon les textes, le SMIC est indexé sur l’inflation mesurée pour les 20 % des ménages ayant les revenus les plus faibles. Et il est augmenté automatiquement si les prix augmentent de 2 % depuis leur dernière hausse : nous n’y sommes évidemment pas, et n’y serons pas de sitôt.