Pour une France plus résistante aux chocs

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Il nous faut résister, nous le savons. La question est de savoir comment. Les attaques du 13 novembre ont tué, pour nous terroriser et affaiblir notre croissance : c’est raté. Le monde a vu notre réaction. Les marchés financiers, aussi, ont compris : la bourse repart, les taux d’intérêt ne montrent pas de « risque France ». Pourtant d’autres attaques sont possibles ici, comme d’autres ont lieu ailleurs : il faut s’y préparer.

 Pour une France plus résistante aux chocs

Le monde va rester secoué. Secoué par ces guerres bien sûr, mais aussi par tout ce qui inquiète : nouvelles technologies, chute du pétrole, mouvements violents des taux d’intérêt et de change, ralentissement chinois, sans oublier le réchauffement climatique.

Il nous faut donc construire une économie française plus résistante. Elle soutiendra l’emploi dans la durée et sera la meilleure réponse à ceux qui veulent nous détruire.

Regardons d’abord notre situation. Elle n’est pas si favorable, les entrepreneurs le voient. Nous avons salué les 0,3 % de croissance du troisième trimestre 2015 et le 1,1 % de croissance « acquise » si le PIB de fin d’année stagne. Nous aurions alors plus que la prévision officielle de 1 %. C’est bien mais ne dit rien du futur, or c’est le problème.

Creusons les chiffres. La consommation « fait » aujourd’hui notre croissance. L’investissement des entreprises repart peu et avec retard. Plus inquiétant, les exportations baissent et les importations montent, le symétrique du trimestre précédent. Surtout, l’accroissement des stocks représente 0,7 % du PIB, contre un déstockage de 0,4 % au deuxième trimestre. Hors stocks, la croissance française est plate sur six mois. Comment comprendre ? Nous serions désormais plus ballotés, comme les autres ? Nous serions plus tributaires qu’avant, à l’export, de biens coûteux et longs à produire ? Nous consommerions mal, c’est-à-dire à crédit et grâce à la baisse du prix du pétrole ? Il faudra savoir, pour réagir.

Cette économie française est-elle prête à absorber des chocs violents ? Pas vraiment si la croissance vient d’Arabie saoudite pour le pétrole, d’Asie et de Mario Draghi pour le financement.

Manque ce qui nous permettra de tenir dans la durée. L’investissement public baisse : les économies budgétaires pèsent et pèseront sur les collectivités locales. Ce n’est pas là qu’il faut chercher. L’investissement en logement des ménages diminue, alors qu’il est décisif pour la croissance, l’emploi (un logement, c’est deux emplois) et le tissu social. L’investissement des entreprises reste insuffisant, car les marges le sont, alors qu’il est la clef.

Pour bâtir une économie française plus résiliente, une Europe plus forte est notre point de départ, à la fois policier, économique, financier et humain. L’investissement des entreprises françaises suit. Il faut soutenir l’autofinancement par la baisse des charges, les réformes et l’actionnariat salarié. Il faut un vrai soutien à l’apprentissage.

Le logement doit cesser d’être maltraité en simplifiant les normes et en empêchant les « recours abusifs ». Ils bloquent aujourd’hui l’équivalent d’un tiers d’année de construction ! Il faut augmenter la possibilité de donner aux enfants et petits-enfants hors droits de succession et accroître les prêts à taux zéro. Ceci coûte d’abord au budget avant de rapporter bien plus, sans compter ce qu’amène un chômage en baisse.

Le secteur des services à la personne est décisif, ce qui implique d’augmenter la déductibilité des aides à domicile, notamment pour permettre aux personnes âgées de rester plus longtemps chez elles. Les décisions du Ministre Borloo avaient fait décoller le secteur. Aujourd’hui il souffre. Là encore, il faut accepter un creusement initial du déficit public, vite bouché. Et qu’on ne dise pas qu’il s’agit là de « petits boulots ». D’abord, ce sont des emplois à part entière, avec ce que ceci implique humainement, socialement et économiquement. Ils permettent ensuite à des entreprises privées de se développer, de former leur personnel, d’offrir des temps de travail plus longs, puis de vraies carrières.

Peu à peu, la base de l’emploi et des revenus augmente. Les entreprises ont des ressources plus importantes et stables. Elles peuvent investir, former, innover, exporter, grossir. Le futur se dégage. Alors, le pétrole et l’euro peuvent remonter, car la sécurité économique escorte la sécurité publique.

 

Voir sur ce sujet Quel troisième trimestre 2015 en France ?, le Zoom du 19 novembre.