Le plein emploi ne fait plus monter les salaires !

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Les faits parlent d’eux-mêmes. Les salaires augmentent de 2,4% aux Etats-Unis, avec une inflation de 2,2% et un taux de chômage de 4,4%.

 

En Allemagne, pour un taux de chômage compris entre 4 et 6% selon les offices statistiques, les salaires dans l’industrie augmentent de 2% environ, comme l’inflation ! Pire, au Royaume-Uni, le taux de chômage est de 4,3%, l’inflation de 2,3% et les salaires montent à peine de 1% ! Le Gouverneur de la Banque d’Angleterre prévient les ménages anglais de challenging times ! La baisse du salaire réel en plein emploi, c’est en effet une nouveauté.

Il y a plus de chômeurs qu’on ne dit : le double. L’explication technique est que la courbe de Phillips est plate. Voilà 8 ans que les Etats-Unis sont sortis de récession, avec une politique monétaire ultra accommodante et qui va continuer de l’être. Il s’agit, par la hausse des salaires, d’attirer des salariés sortis du marché du travail et, au moins autant, de pousser les entreprises à chercher et former plus.

Le cas de la zone euro est plus net encore, où la BCE vient de calculer le slack de l’emploi. Ce « mou » vient surtout des personnes en temps partiel subi et, au moins autant, des personnes sans emploi, mais non-inscrites. Pour la BCE, outre le chômage recensé, 3,5% de la population active sont des entrants potentiels dans le marché du travail (découragés surtout, pas en recherche active…) plus 3% en « chômage subi », travaillant moins qu’ils ne souhaitent.

Au total, ajoutant les chômeurs recensés à ceux qui sont disponibles et qui ne cherchent pas d’emploi, ceux qui cherchent mais ne sont pas encore disponibles et ceux qui sont sous-employés, on arrive à un taux de slack de 18%, presque le double des 9,5% de chômeurs recensés. Ce taux atteint 18% pour la France et presque 10% pour l’Allemagne.

Conséquence, il faudra longtemps pour faire en sorte que ce taux de slack baisse, ce qui permettra à la croissance d’absorber ses capacités productives avant que les salaires montent, et donc l’inflation.

Moralité : le marché du travail est méconnaissable, parce que méconnu.