Ce que Mario Draghi et Janet Yellen ont dit à Jackson Hole – à destination de Donald Trump

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Janet Yellen a parlé de la nécessité de garantir un niveau de sécurité financière adéquat pour maintenir la croissance, avec en ligne de mire Gary Cohn, qui pourrait être son successeur en février 2018. L’idée est que l’on peut toujours chercher à simplifier la finance, mais qu’il faut le faire sans jamais oublier les avantages et surtout les risques de cette opération. Derrière Gary Cohn, il y a Donald Trump.

 

Janet Yellen s’inscrit dans l’histoire de ces dix dernières années, en mettant en avant cette crise bancaire et financière qui n’avait pas été vue, même par les experts de la Banque. Elle en appelle donc à la prudence et à la patience. Elle n’annonce évidemment pas un krach bancaire ou boursier, mais elle tire les leçons de l’étrange cycle de l’économie américaine. C’est en effet un des plus longs, modérés, avec plein emploi et sans inflation salariale. La concurrence mondiale et la révolution technologique en cours pèsent donc de tout leur poids sur le marché du travail. Ceci conduit la Banque centrale américaine à normaliser très lentement la situation financière en montant très doucement ses taux et en gérant très graduellement aussi son portefeuille de titres publics.

Mario Draghi reprend alors le flambeau de la croissance par l’ouverture et des risques de dislocation des échanges mondiaux, où le protectionnisme deviendrait la réponse la plus « naturelle », avec tous ses effets négatifs. Il poursuit en indiquant que la croissance de la productivité passe autant par les politiques nationales que par les structures internationales. Il revient à ces dernières de mener des régulations convergentes, par exemple en matière fiscale, de renforcer la confiance mutuelle et d’avancer dans la régulation financière mondiale…

Mario Draghi continue sa quête de croissance par la productivité en indiquant qu’elle est d’autant plus forte que les pays les plus avancés, au bord de la frontière technologique, échangeront le plus. On aura reconnu les Etats-Unis. Le protectionnisme menace donc surtout la productivité, donc la croissance, des plus avancés…

Il ajoute, prenant l’exemple de la zone euro, que les échanges, débats et structures de la zone permettent d’en mieux réguler les diverses composantes, d’éviter les comportements opportunistes et le dumping social, en renforçant les lois sociales. C’est ainsi que l’ouverture fonctionne, de manière soutenable et équitable…

Jackson Hole 2017, avec Janet Yellen (prudente) et Mario Draghi (moins), c’était une leçon d’économie politique et sociale internationale à destination des responsables politiques, et plus précisément d’un seul.