L'euro est mort : vivent le « Franc baguette » et la « monnaie commune » !

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« L’euro est mort », déclare Marine Le Pen dans une vidéo au Parisien ce samedi 29 avril. Il faut en sortir, et indiquer à Bruxelles que la France veut passer de la « monnaie unique à la monnaie commune ». Cette « monnaie (commune) qui ne concernera pas les achats quotidiens mais uniquement les grandes entreprises qui font du commerce international », précise-t-elle. Rien ne sera immédiat : « un an, un an et demi pour organiser un retour concerté à la monnaie nationale », ce qu’elle redira lors de sa confrontation avec Emmanuel Macron.

 L'euro est mort : vivent le « Franc baguette » et la « monnaie commune » !

Deux monnaies : instaurer en France deux monnaies, une interne pour la baguette et une externe pour les échanges, qui deviendrait la « monnaie commune » avec les pays de l’ancienne union, n’est pas nouveau. Pas nouveau… hors de France. L’auteur de cette lettre se souvient de la Chine du SEK, ou de la Russie du « rouble convertible ». Il fallait convertir ses dollars et faire ses achats dans les magasins d’état. Nous voilà très en arrière et dans un tout autre système ! Et ceci n’est pas du tout l’ECU, panier de monnaies entre 1979 et 1998, instrument de stabilisation de ses composantes, mais pas monnaie. On ne payait pas en ECU, les billets ECU n’ont jamais existé.

« Franc baguette » ? Facile en apparence, il n’ira pas de soi. Pourquoi se débarrasser des euros, si pratiques et acceptés partout ? Pourquoi ne pas les garder, pour les bons et mauvais jours ? L’euro a été lancé à 1,2 dollar début 1999. On le trouve à 1,09 aujourd’hui : pas mal. Pas ce qu’on nous dit au FN ? De fait, après son lancement, l’euro a baissé par rapport au dollar (à 0,8 mi-2000), avant de monter à 1,6 en septembre 2008, quand la crise frappait le dollar. Aujourd’hui, il est presque à son niveau de départ. Mieux, calculé par rapport aux principales monnaies et parti de 100 à sa naissance, il est à 95,4 aujourd’hui. Stable, non ?

« Monnaie à l’export » : comment l’utiliser en pratique, puisque l’exportation ne concerne pas seulement les grandes entreprises mais aussi les PME, notamment aux frontières ? Comment va se calculer le change ? On « verra » la dévaluation du Franc. Le prix de la baguette va monter, sauf à en fixer le prix (URSS) ou à la subventionner (Egypte). Alors l’idée va gagner que le Franc est de moins en moins sûr et l’euro plus sérieux.

Inquiet ? Alors achetons des actions américaines ou allemandes, des Apple, des Facebook, des Total ! Pourquoi garder ces assurances-vie en euros, pleines de bons du Trésor français, Trésor qui aura des difficultés à discuter avec ses créanciers extérieurs qui détiennent 60% de la dette française. Et pourquoi garder ce Livret A qui ne rapporte rien : achetons des pièces d’or. Qu’importe si, de proche en proche, le système bancaire et financier s’affaisse, devant la fuite des dépôts ! La monnaie, c’est la confiance.

Pire : nous allons au contrôle des changes. Les Français feront tout pour avoir et garder des euros, tout pour se défaire de leurs Francs. La vieille et vraie loi de Gresham va jouer à plein : « la mauvaise monnaie chasse la bonne ». « La mauvaise » est partout dans les échanges puisqu’elle a chassé la « bonne », sous les matelas ! L’inquiétude monte, la crédibilité s’évanouit, la liberté est menacée.

« Monnaie commune » : ça, c’est la meilleure ! L’euro est la « monnaie de l’Union Européenne ». Elle est commune, parce qu’unique. La sortie de la France de la zone euro serait la fin de la zone. Pour que l’euro soit à proprement parler une « monnaie commune », il faudrait que chaque pays abandonne l’euro et revienne à sa monnaie nationale, ou participe à une zone euro-mark ou encore ancre sa monnaie nationale au nouveau Mark. Le Franc y gagne ?

Mais au fond pourquoi le FN a-t-il changé son programme et repoussé la sortie de l’euro ? Pour faire plaisir à M. Dupont-Aignant ou parce que les Français aiment l’euro ? 72% d’entre eux y tiennent, pour des raisons européennes peut-être, sûrement parce que l’euro résiste dans cette crise mondiale et qu’il freine les velléités dépensières de nos dirigeants. A preuve : plus certains candidats veulent dépenser, 290 milliards sur cinq ans pour Marine Le Pen selon certains calculs, plus ils veulent en sortir !

Dévaluation et inflation plutôt qu’efficacité, rigueur et risque, on voit le courage de cette « solution ». En même temps bien sûr, il faut exalter la nouvelle Europe des nations et la mémoire du Général de Gaulle, histoire de… donner le change.