L’entrumpisme, théorie de Donald Trump

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Mieux vaut ne pas demander à Donald Trump les livres qui l’ont inspiré. Il dira : « les miens ». De fait, pour connaître « la pensée Trump », tout est dans son : Make America Great Again. Décliné sous diverses composantes : sociales, économiques, financières, militaires.... il peut passer pour réactionnaire : Again, ou vague : Great, sauf qu’il est matérialiste : Make.

 L’entrumpisme, théorie de Donald Trump

Dans entrumpisme, il y a entreprise. L’entreprise, la microéconomie si l’on veut, est la source de toute croissance, de l’emploi et de la « grandeur », en lien avec les succès (et échecs) de Donald Trump dans sa vie professionnelle, ses relations et ses réseaux.

Puisque l’entreprise est la base de tout, le monde est un ensemble d’entreprises. Il n’obéit donc pas aux « lois de la globalisation », qui ne pourraient se traiter que par le multilatéralisme, par des compensations entre états, mais à celles du bilatéralisme, d’état à état. Le monde de Trump tourne autour des grandes entreprises, liées aux états. Quant aux entreprises de petite taille, il faut les protéger, et faire grossir les autres.

Dans l’entreprise, un bon emplacement, un bon prix et un bon contrat sont les clefs du succès. Donald Trump a retenu cette règle de l’immobilier : tout dépend du rapport de force pour obtenir le meilleur emplacement, puis le meilleur prix, car cet emplacement et ce prix donnent les meilleures marges, en fonction de la qualité du contrat bien sûr. Si la tour n’est pas au bon endroit, même si le terrain est donné, le rendement ne sera jamais là.

Donc, pour réussir, il n’y a que le rapport de force direct, d’homme à homme, bilatéral. Car, pour trouver le meilleur terrain au meilleur prix avec le meilleur contrat, on n’est jamais seuls ! Il faut jouer des coudes, de la voix, de tous ses moyens et réseaux, pas seulement de douceur. Donald Trump veut ainsi mobiliser tous les leviers possibles. Il n’aime pas ces structures complexes où son pouvoir se partage, et selon lui se dissout, comme le G20, le FMI, l’ONU, ou encore ces réunions régionales, où pérore la Chine. C’est pourquoi, aux Etats-Unis, il commence à avoir une influence majoritaire sur la Cour Suprême, puis dominante sur la Banque centrale, puis croissante sur les médias, en attendant le Congrès. Là, il « organise » des départs en retraite et de nouvelles candidatures aux élections intermédiaires : 2018 sera décisive.

Une reconquête est donc à l’œuvre, pour retrouver l’ancienne hégémonie américaine à partir d’une Amérique qui ne perdrait pas son temps en arguties et procès, en checks & balances. Pour Donald Trump, ce n’est pas la mondialisation, Chine en tête, qui fait baisser le PIB américain dans le PIB mondial, mais la faiblesse des négociateurs américains et la duplicité des autres, « alliés » inclus.

Une pratique virile de la renégociation s’impose donc. Trump s’acharne sur ces contrats et ces traités, avec le Mexique et le Canada notamment. Il veut réécrire ces bad deals, ou les dénoncer. Il peste contre ces déficits commerciaux des Etats-Unis : 350 milliards de dollars avec la Chine, 70 avec le Japon, 65 avec l’Allemagne ou 63 avec le Mexique. Il veut empêcher la Chine de manipuler sa monnaie, forcer le Japon à produire aux Etats-Unis, taxer le Mexique, vexer l’Allemagne. Signer des contrats d’armes ou d’avions n’est pas la solution, au-delà d’une flatteuse cérémonie. Ce qu’il veut, c’est inverser les flux d’échanges.

Affaiblir les concurrents et les opposants : c’est l’idée. Au-delà des tweets, forcer à revoir ces échanges « injustes », c’est démanteler les chaînes de production, pour mieux y repositionner les multinationales américaines.

Politique monétaire accommodante : c’est obligatoire. Donald Trump ne renouvelle pas Janet Yellen à la Fed et préfère Jerome Powell, juriste et banquier. Il nomme Randal Quarles vice-président de la Fed chargé de la supervision bancaire. Il simplifiera les tests de résistance bancaire, réduira divers ratios, bref fera plus de crédit.

Moins d’impôts sur les ménages, politique oblige, moins encore sur les entreprises, et 15% pour que les multinationales rapatrient les 2800 milliards qu’elles parquent dans les paradis !

4% de croissance : plus que les 3% actuels en plein emploi ! Bien sûr, cette politique « macroéconomique » à base microéconomique demande à ce que Donald Trump s’entoure d’experts et conseils (milliardaires) qui aient la même vision que lui du monde par leur pratique des affaires, et ne soient ni trop doux, ni trop économistes.