Les huit certitudes de 2018

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2018 promet. Ce qui est plus important à savoir, c’est ce qu’il tiendra. D’ores et déjà, des dates sont prévues, décisives. En voilà huit.

 Les huit certitudes de 2018

Davos en Janvier. Le sujet proposé est, comme toujours, général : « créer un avenir partagé dans un monde fracturé ». De fait, notre monde est fracturé. Plus exactement, sa diarchie entre Etats-Unis et Union Soviétique est oubliée depuis l’éclatement de l’Union soviétique en décembre 1991. Plus récemment, depuis novembre 2016, la hiérarchie mondiale à partir des Etats-Unis est en question, avec la « logique » que suit Donald Trump, dont profite la Chine. De fait, l’avenir de notre monde est très mal partagé. Toute la question est alors de « créer » ce partage d’une façon plus stable, en fonction d’idées et de principes si l’on veut, et surtout de rapports de forces clairs et stables, en espérant qu’ils seront démocratiques et inclusifs. Mais la Chine veut continuer à avancer, en évitant à tout prix les erreurs de Boris Eltsine, et en profitant de celles de Donald Trump. Un Trump qui inquiète de plus en plus ses alliés. Davos sera donc un temps d’hypothèses et d’espoirs, sur fond de regrets. C’est toujours ainsi qu’on change !

Vladimir Poutine est réélu en mars (ou début avril, en cas de deuxième tour). L’incertitude est faible, la question portant sur l’identité de ses concurrent(e)s. Il est difficile en effet d’imaginer qu’il ne sera pas réélu, avec l’appui des appareils politiques et militaires dont il dispose. La vraie question se posera donc pour sa succession, en 2024, où il ne devrait pas se représenter (à Constitution inchangée, bien sûr).

Mai 68 : les révoltés d’alors sont retraités, après une carrière dans la fonction publique, les médias, la politique ou des combinaisons des trois. Ils ont tous échappé à la trilogie métro-boulot-dodo, alias le travail en entreprise, ce qui explique leur fraîcheur. Ils vont ainsi, pendant quelques semaines, nous faire part de leurs prouesses de l’époque, au moment où les jeunes d’aujourd’hui ne rêvent qu’à faire la révolution technologique et à s’enrichir avec leurs startups. Décidément, le vieux monde de Mai 68 est loin !

Vitor Constancio s’en va fin mai 2018. Il ouvre une chaîne de départs et de tractations à la Banque centrale européenne : il libère en effet le poste de numéro deux. Son successeur pourrait être Luis de Guindos, économiste, Ministre de l’Economie et des Finances et présenté comme un des architectes du sauvetage du système bancaire espagnol. Mais si le Parlement européen (qui n’a pas à décider), peut apprécier la présence d’une sensibilité du Sud, il s’est ému du faible nombre de femmes dans les structures de décision de la Banque centrale. A voir donc, sachant qu’en mai 2019, ce sera à Peter Praet de partir (l’économiste de la Banque) et surtout, fin octobre, à Mario Draghi. Le jeu de chaises musicales est donc lancé.

Les femmes saoudiennes conduisent en juin, souhaitons-leur d’aller loin.

Septembre 2008 : Lehman Brothers sautait le 15, victime des subprimes et amorce visible de la crise financière mondiale. Evidemment, le problème était plus ancien. Début 2010, un rapport de la justice américaine révélait ainsi que, depuis 2007, la banque masquait son endettement. Surtout, et partout, la montée de l’endettement privé américain alimentait une bulle immobilière, avec des risques considérables – mais qui étaient cachés derrière des montages sophistiqués. Avec la crise, la dette privée bancaire, qui atteignant 2,13 PIB en 2007, se met à baisser jusqu’en 2013 (1,96 PIB) avant de remonter. Elle atteint 2 fois le PIB actuellement. Et, en même temps, la dette publique, qui était de 62,5% du PIB en 2007, en atteint 106% actuellement. Moralité : l’excès de dette privée et publique, qui avait provoqué la crise en 2007 à 2,75 fois le PIB américain, est à 3,06 fois le PIB de maintenant. Et ceci en plein début de hausse des taux courts et longs. Tout promet mieux qu’alors !

Elections américaines de mi-mandat en novembre. Tout le monde ne pense plus qu’à cela, plus de postes étant en jeu chez les Démocrates que chez les Républicains. Mais le Sénat compte désormais 51 Républicains contre 49 Démocrates et Indépendants. Les futures lois de Donald Trump ne tiennent donc qu’à un fil dans les mois qui viennent, autrement dit à la croissance, à l’emploi et à la bourse – pour renforcer encore le pouvoir du Président : Cour Suprême, Fed, Chambres, ou pour l’arrêter.

Pas mal donc ce 2018, et pas d’élection ici, huitième bonne certitude !

 

Egalement publié sur Atlantico.