France : dis-moi, miroir, suis-je bien la plus belle ?

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 France : dis-moi, miroir, suis-je bien la plus belle ?

France : Les Britanniques ont voté pour le Brexit. Alors dis-moi, ô mon beau miroir, se sont-ils trompés ou les a-t-on trompés ? Vont-ils revoter, payer pour rester, trouver un arrangement, ou alors le payer très cher et le regretter longtemps ?

Miroir : Cesse de rêver, tu es la plus belle, bien sûr. Mais si le Brexit a été voté, c’est qu’ils le désiraient ! Ils craignaient l’engrenage de cette Union européenne qui se voulait « toujours plus proche » (ever closer Union) et allait leur prendre leur Pound. Ils ont largué les amarres de leur île, avant qu’il ne soit trop tard pour eux, et ils ont dévalué. Ils ont joué perso. Aux autres d’en tenir compte.

France : Mais ils vont beaucoup souffrir et s’appauvrir !

Miroir : Continue à le penser, sauf qu’ils ont toujours « la » bombe, « la » City, des usines qui vont devenir plus rentables avec la baisse de la livre et celle des impôts, tandis que leurs salaires sont serrés et que les taux sur leur dette publique n’explosent pas ! Ils vont draguer les Américains et les Chinois. Ils nous menacent d’un grand Singapour, à trente kilomètres de nos côtes. Ils peuvent donc nous faire du mal, surtout si on rêve.

France : Attendons donc. Mais Trump, tu l’as vu aussi, mon beau miroir, a été élu Président avec moins de voix qu’Hillary. Il va s’effondrer dans les sondages avec ses tweets, tomber sur un bec avec Xi Jinping le Chinois et Poutine le Russe, en attendant qu’il braque les Républicains du Congrès et que la bourse ne chute, inquiète de sa violence.

Miroir : Mais Trump a été élu et a compris quelque chose : il est là pour quatre ans moins un – celui des primaires US en 2020 – et moins un autre – celui que ses lois passent. Donc il se voit élu pour deux ans au plus, s’il attend. Logique qu’il bouscule tout : les nominations, les décisions, les menaces sur les entreprises… Et, maintenant, il vient d’arrêter l’accord Transpacifique, veut renégocier celui avec le Canada et le Mexique et commencer à bâtir son mur à la frontière avec ce dernier. Et tout ça pour que la reprise accélère avant qu’il n’ait rien fait : il excite la bourse !

France : Mais le déficit américain va exploser, l’inflation monter, les taux courts et longs grimper, et le dollar être superstar – donc la bourse baisser.

Miroir : En attendant de baisser, le Dow Jones tutoie 20 000 pour la première fois de son histoire et Donald Trump ne semble pas mollir !

France : Bon, mon cher miroir, mais Xi Jinping va peut-être modérer ses actions en mer de Chine pour paraître le sage aux yeux de tous, et Vladimir Poutine attendre les élections en Europe et la remontée du pétrole pour avancer ses pions ! Et les Japonais vont discuter avec les Chinois. Et il y aura un G7, un G20. Il va rencontrer « les autres »…

Miroir : Continue de rêver, ma douce France, mais la « Guerre des mondialisations » est enclenchée ! Elle ne va pas s’arrêter parce que tu n’es pas encore prête pour sortir ou te sens bien seule, dans ta chaumière.

France : Mais, ô mon beau miroir, pourquoi me dis-tu des choses si dures ? Laisse-moi donc rêver !

Miroir : Tu es la plus belle, ô ma France, mais tu dois aussi être la plus forte. Il ne suffit pas de te regarder dans ton miroir. Regarde aussi autour de toi ce qui se passe et ce qui arrive depuis quelques mois. C’est en fermant les yeux et en se disant que non, ça n’arriverait pas, qu’on l’a laissé venir !

France : Mais je ne sais pas crier, me mettre en colère. Je fais de mon mieux pour changer en prenant mon temps pour ne pas gâcher mes « avantages acquis » qui sont, au fond, je le sais, de plus en plus fragiles.

Miroir : Affronte le réel, ô ma belle, tu auras des chagrins et des rides. Mais tout ne peut se rediscuter après que les gens ont voté. La vague populiste mondiale qui les porte ne va pas revenir en arrière, en « regrettant » ce qu’elle a fait. Elle va devenir même de plus en plus autoritaire. Ça commence aux Etats-Unis et en Italie. C’est grave.

France : Mais alors, je vais avoir des soucis ? Il va falloir que je me pose de vraies questions sur la dette publique, la productivité, les impôts et les dépenses de santé ?

Miroir : Oui, c’est la vraie vie, pas un reflet médiatique.

France : Tu me gâches ma soirée, ô mon beau miroir !

Miroir : Je le regrette, mais où vas –tu, ô ma belle ?

France : A un bal de rêve : celui du Revenu Universel !