Boris (Johnson) téléphone à Donald (Trump)

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 Boris (Johnson) téléphone à Donald (Trump)

Boris : Tu as vu ? Six fois : j’ai été battu six fois à la Chambre des Communes. Alors je les renvoie, pour discuter à Bruxelles de la sortie du Royaume-Uni.

Donald : Génial ! Tu me rappelles quelqu’un ! Mais que vas-tu demander aux types de Bruxelles ?

B : De céder sur le Backstop irlandais, le fameux « filet de sécurité », ou alors je claque la porte et c’est le No deal !

: Génial !

B : Pas vraiment. Je dois leur demander une prolongation jusqu’en janvier… si j’obéis à la loi qu’ils viennent de voter. Mais je me suis « engagé » devant les britanniques à ne pas la demander cette prolongation ! Au Royaume Uni, je joue « peuple », autrement dit résultat du Referendum, contre « Parlement », autrement dit politicards. Et à Bruxelles, je joue risque de disputes chez eux et de problèmes si je claque la porte, contre un « assouplissement » qui ne paraît pas énorme à ceux qui n’y connaissent rien ! Mais les travaillistes, plus les Conservateurs renégats, veulent que je perde ou que je demande une prolongation, que je rate ou me déculotte. Et alors ils auront plus de chances aux élections !

Donald : Vu, pas tout compris. Ce que j’ai compris, c’est que t’as viré les Conservateurs qui ont voté contre toi : bien ! Ce que j’ai compris, c’est que tu peux gagner les prochaines élections ! Vas-y ! Trouve donc un truc pour claquer la porte en disant que c’est leur faute, puis reviens à Bruxelles avec une nouvelle majorité ! Ils vont caler !

B : C’est mon plan !

: Tu me rappelles quelqu’un ! Mais c’est quoi ce backstop irlandais à faire sauter ? J’ai oublié.

B : Te redis. Côté européen : il s’agit de permettre aux marchandises d’entrer en Irlande, donc dans le Marché commun, mais sans frontière physique de contrôle des produits et des normes.

: Sans mur ?

B : Oui, car les Irlandais craignent qu’une frontière en dur ne rallume la guerre entre eux. Mais tu te doutes que l’essentiel est ailleurs. C’est dans les risques de « contrebande », comme ils disent, autrement dit de passage de produits venant officiellement de chez moi, mais avec des normes moins folles que les leurs. Cette « contrebande » est derrière tout ce Brexit : vendre aux Européens, moins cher, des produits nettement moins chers à faire, les envahir ! Donc ils veulent vérifier la qualité et les normes. Alors, pour que cette « frontière abstraite » ne soit pas une passoire, ils inventent le backstop. Ils m’empêchent de signer quel qu’accord commercial que ce soit hors de l’Union, jusqu’à ce qu’on vérifie que cette « frontière abstraite » marche, ou qu’on trouve mieux !

D : Ça y est : ils disent qu’ils veulent éviter une guerre irlandaise, alors qu’ils veulent bloquer les produits chinois ! Et toi, tu veux quoi ?

B : Qu’ils restent obsédés par les chinois. Qu’ils ne voient pas que je veux commercer surtout avec toi et faire entrer dans le Marché commun tes maïs et soja génétiquement modifiés, tes bœufs aux hormones, tes poulets à la javel, plus ce que tu fais faire au Vietnam !

D : Compris. Comme ça j’affaiblis ce maudit Marché, avec ces Allemands et leurs autos et ces Français et leurs leçons ! Mais les Chinois vont en profiter !

B : Non car je veux plus d’échanges avec l’Australie et la Nouvelle Zélande pour la viande et le fromage, plus de fruits et légumes d’Israël.

D : Et Huawei ?

B : Tu as raison, je dis à mes services qu’ils nous espionnent. Il faut arrêter leur 5G et les renvoyer sur le continent !

D : Et patrouiller avec moi dans le Détroit d’Ormuz ?

B : J’en parle à la Royal Navy.

D : Et m’acheter plus d’avions et cotiser plus à l’Otan ?

B : Je demande au Defense Secretary.

D : Et quitter l’Accord de Paris ?

B : Je le dis à l’Environment.

D : Et m’acheter mon vin ?

B : Customs.

D : L’idée, c’est que ce Brexit ne devienne pas la crise du Royaume-Uni, mais du Marché commun !

B : D’accord ! Comme ça je renforcerai mon cher Commonwealth !

D : Oui oui… mais ces papiers multilatéraux m’embêtent. Je préfère les débats bilatéraux, entre égaux, toi et moi, moi et les Australiens, moi et les Néo-zélandais, moi et les Canadiens, Nigérians, Pakistanais, Mozambicains, Africains du Sud…

B : Mais ce sont les perles de l’Empire britannique !

D : Voyons : je suis six fois plus riche que toi, mieux armé et mon $ n’est pas ta £.

B : Ok : il faut donc que le Royaume-Uni soit le cerveau de cette Europe. A elle de faire ce que nous vendrons pour son compte, avec marge, et surtout d’acheter ce que nous et nos amis feront, avec marge !

Les deux: We keep in touch!