Augmenter les salaires ou former les salariés ?

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L’idée d’augmenter les salaires est en train de gagner partout en France, notamment chez les cadres, après plusieurs années de croissance très faible, et de l’économie, et des rémunérations. On avance ainsi le chiffre de 2% de hausse en moyenne. Mais, en même temps, l’inflation est à 1,3% et, surtout, le taux de chômage à 8,9%.

 

Il paraît ainsi macroéconomiquement compliqué d’expliquer pourquoi il faut augmenter le salaire réel, au moment même où le chômage est encore si important. Le risque est en effet que les salaires en hausse pour les uns, les plus recherchés, qualifiés, méritants, conduisent les entreprises à réduire l’emploi des autres.

En outre, la situation est plus compliquée encore que cet « échange » salaire – inflation – chômage. La croissance qui, aujourd’hui, frappe à la porte des entreprises françaises, ne frappe pas partout pareil. Elle cherche les entreprises les plus avancées, les emplois les plus spécialisés. Pendant que l’économie française va plus vite, le peloton s’étire entre les meilleurs en technologie et en compétences, et les autres. Ceux qui demandent et obtiennent des augmentations, dans le contexte français de forte indexation des salaires, peuvent alors faire naître un mouvement qui atteindra les emplois moins qualifiés, les plus exposés à la concurrence internationale.

Mais il y a pire : les entreprises aujourd’hui le plus avancées ne sont pas sûres de l’être demain, leurs salariés avec. Augmenter les salaires aujourd’hui doit permettre de pouvoir le faire demain, pour investir et innover. Donc les entreprises les plus avancées doivent investir de plus en plus en capital humain, autrement dit en salaire futur.

C’est la même logique que l’on retrouve partout, et sans doute amplifiée cette année dans les entreprises qui sont relativement moins avancées. Le risque qui pèse sur l’emploi et sur les basses qualifications est ainsi plus important que jamais. Évidemment, tout ceci est plus facile à dire qu’à faire.

Demander aux entreprises d’augmenter les salaires d’aujourd’hui et de demain « fonctionne » de plus en plus ensemble, avec beaucoup de formation, donc en convainquant les salariés d’une modération salariale aujourd’hui qui escortera un programme pluriannuel de formation. C’est encore plus vrai dans les entreprises d’emplois peu ou pas qualifiés, notamment de services à la personne, où les salaires sont déjà faibles. Car c’est là que l’augmentation d’aujourd’hui peut réduire l’emploi plus rapidement, en poussant à la mécanisation. Augmenter ou former ? Former pour augmenter !